
Architecture: cette métamorphose de 530 logements récompensée par le prix Mies van der Rohe
Marie-Douce Albert | le 10/04/2019 | Réalisations, Lacaton & Vassal, Prix Mies van der Rohe, Equerre d'argent, Logement social
Le prix européen récompense la transformation de trois bâtiments bordelais d’habitat social par les agences d’architecture Lacaton & Vassal, Frédéric Druot et Christophe Hutin. La France fait coup double pour ce palmarès 2019 avec l’attribution du prix Architecture émergente aux Toulousains de Bast.
Voilà des années que les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal et leur confrère Frédéric Druot dénoncent la politique de la table rase en matière de rénovation urbaine et qu’ils plaident inlassablement pour la préservation du patrimoine des grands ensembles de logement social et leur transformation. Cet engagement leur avait valu déjà de remporter le prix de l’Equerre d’argent pour la rénovation de la tour Bois-le-Prêtre à Paris, en 2011.
Le 10 avril 2019, la reconnaissance est devenue européenne. Le trio, associé à l’architecte Christophe Hutin, a décroché le prestigieux prix Mies van der Rohe, soit le prix d'architecture contemporaine de
l'Union Européenne, pour la réhabilitation de 530 logements sociaux à Bordeaux, dans le quartier du Grand Parc.
L'avant/après réhabilitation. © Philippe Ruault
Balcons et jardins d'hiver
Pour Aquitanis, l’office public de l’habitat de la métropole, les trois agences d’architecte ont mené un chantier géant pour transfigurer trois bâtiments, hauts de 10 à 15niveaux. Avec cet objectif toujours revendiqué par Lacaton & Vassal d’offrir plus de lumière, plus d’espace et donc plus de confort. Sans oublier sans doute un supplément d’âme pour cet urbanisme de barres typique des années 1960. La part la plus visible de l’opération a donc consisté à doter les logements de jardins d’hiver et de balcons.
Comme pour la tour parisienne Bois-le-Prêtre mais à bien plus grande échelle, le chantier est donc venu épaissir les bâtiments existants. Le jury du prix Mies van der Rohe a noté que, lors de cette opération livrée en 2016, « la transformation de chaque unité s'élève à 50 000 € (hors TVA) mais le montant du loyer des anciens locataires n'a pas été majoré pour autant ; de plus, ces derniers n'ont pas dû quitter leurs appartements pendant la durée des travaux. »
Il a donc apprécié cet usage de « moyens réduits pour créer un maximum d’effets » et n’a pas manqué de souligner que, « à une époque où les commissions responsables des logements sociaux réclament une réduction des surfaces des appartements, les volumes sont ici augmentés, et apportent ainsi de la dignité et une plus grande valeur à l'individuel et au collectif. »
Architectes émergents
L’opération de Bordeaux Grand Parc a fait la différence avec les 382 autres réalisations, réparties dans 38 pays d’Europe, qui étaient au départ en lice pour le prix Mies van der Rohe. Une deuxième réalisation, française également, est ressortie de cette longue liste.
Un prix de l’Architecture émergente revient en effet au réfectoire scolaire de la commune de Montbrun-Bocage (Haute-Garonne) conçu par l’agence toulousaine Bast.