« Quoi de neuf ? Bilbao ! Matière du temps »
Un regard rétrospectif sur le grand œuvre de l’architecte américain Frank Gehry : le musée Guggenheim de Bilbao (Espagne), construit en 1997, avec le succès que l’on sait…
par Claude Labbé
Bien sûr Bilbao, c'est d'abord le "Guggenheim" qui, avec ses quatorze années d'existence, n'a pas pris une seule ride. Il est possible de trouver un peu gauche cette marquise plantée sur le haut d'un pilier trop lourd côté fleuve, et peut-être regretter un ou deux autres détails, mais l'ensemble témoigne d'une remarquable fulgurance tant dans le choix du site et son dialogue, avec ce pont un peu kitsch, que dans l'exercice de drapés de titane qui réinvente la statuaire baroque, et jusqu'aux espaces intérieurs dont on n'achève jamais de découvrir les perspectives tourmentées.
Fini/Infini
Dans l'espace que Frank Gehry avoue avoir conçu pour l'œuvre sculpturale de Richard Serra, celle-ci parait sublimée dans un volume à sa mesure, d'un blanc immaculé. Dans la confrontation entre art et architecture, où le visiteur est un acteur essentiel, s'établit une dimension à la fois matérielle et spirituelle. "Matière du temps", nom que Serra a donné à ces œuvres de métal gigantesques, révèle une certaine intimité de l'espace et du temps en proposant des parcours où se mêlent les notions de fini et d'infini - enceinte/horizon - où se conjuguent l'écho des forces telluriques d'une matière à peine domptée et la délicatesse domestique d'une courbe rouge-orangée.
La politesse de l’architecte
L’architecture supplante-t-elle, au Guggenheim, l’œuvre d’art? Je ne le crois pas. La plupart des salles d’expositions ne déploient aucun exercice savant. De miraculeuses dispositions de l’espace permettent par endroit d’observer une salle et son contenu, comme un spectacle. Il y a une retenue et une attention évidentes ; une sorte de politesse de l’architecte. Et peut-être est-ce cette politesse intérieure conjuguée au déchainement extérieur qui donnent à cette œuvre magique ce que l’architecte suisse Peter Zumthor nomme si parfaitement « la vérité inattendue » : cette poésie dont la révélation constitue la marque d’une grande architecture.
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