
Roland-Garros : découvrez le nouveau court Simonne-Mathieu, signé Marc Mimram
Milena Chessa | le 20/05/2019 | Anne Hidalgo, Paris, Marc Mimram, Roland-Garros
Ce terrain de jeu situé à la porte d'Auteuil, à Paris (XVIe), hybride une arène sportive et une serre tropicale.
Deux mois avant l’ouverture des Internationaux de France de tennis 2019, un nouveau court a été inauguré le 21 mars 2019 au stade Roland-Garros à Paris (XVIe). Il porte le nom de Simonne Mathieu, victorieuse du tournoi simple dames en 1938 et 1939. L’enceinte de 5000 places est implantée dans le jardin des serres d’Auteuil, entre l’orangerie et le boulevard périphérique.
« C’était un défi de construire un édifice dans le quartier des Princes, rappelle Bernard Giudicelli, président de la Fédération française de tennis. Deux hommes ont eu l’audace de le relever : le très regretté Michel Corajoud, paysagiste et Marc Mimram, architecte. » Ce dernier rend hommage « au père du paysage français » qui, dit-il, a « pris le risque de défendre l’indéfendable : mettre du sport dans un jardin ».
Unique en son genre
« L’histoire de Roland-Garros est jalonnée de combats, de doutes, de défaites et de victoires, remarque Anne Hidalgo, maire de Paris. Avec ce projet de transformation, on a tout eu : les recours juridiques, les polémiques et les ‘fake news’ qui annonçaient que nous allions détruire toutes les serres d’Auteuil, alors que nous démolissions seulement celles en plastique. Mais ça valait le coup de tenir pour obtenir ce beau résultat qui fait écho au patrimoine architectural et naturel. »
Pour Guy Forget, ancien tennisman et actuel directeur du tournoi : « Le court Simonne-Mathieu est une réussite par son intégration dans le site. Il est unique en son genre. » L’équipement hybride deux programmes, ce qui en fait un spécimen rare. Le terrain de tennis et les gradins dédiés aux spectateurs sont enveloppés sur quatre côtés par des serres abritant des plantes issues des zones tropicales d’Amérique, d’Afrique, d’Océanie et d’Asie. « Le sport et la nature entrent en dialogue grâce à une structure tout en transparence », indique l’architecte Marc Mimram.
Audaces de création
L’édifice, partiellement enterré, ne dépasse pas les huit mètres au-dessus du sol. En périphérie, il est constitué de demi-cylindres composés d’éléments courbes en acier et de panneaux plats en verre, protégés extérieurement par des stores. Une paroi vitrée laisse passer la vue entre ces tunnels de verdure et l’arène sportive. Le regard file à travers les gradins en béton et les équerres d’acier sur lesquelles ils reposent. Le public peut ainsi garder un œil sur le match lorsqu’il déambule autour du terrain.
« L’architecture contemporaine n’est pas là pour reproduire le Paris que nous avons en héritage, elle a le droit de se permettre des audaces de création », affirme Anne Hidalgo. « Nous prolongeons l’histoire des serres d’Auteuil créées à la fin du XIXe siècle, sans pour autant faire de mimétisme, soutient Marc Mimram. Avant, les tuiles en simple vitrage n’étaient pas étanches. Maintenant, nos écailles en double vitrage permettent de contrôler la température et l’hygrométrie de chacune des sections plantées. L’entreprise de charpente métallique Viry a été très attentive à notre désir de montrer comment, grâce à la découpe numérique et à la soudure continue, nous pouvions inventer des profils très différents. Ce que l’on recherche, c’est donner à ce lieu du caractère. »