Dans un Béthunois exsangue, Batinor apporte la preuve que la crise n’est jamais une fatalité. Depuis sa création en 1989 par son président Bernard Krzyzak, la société a connu une croissance régulière, que la crise a à peine freinée. «Au contraire, c’est dans ces moments-là qu’il faut investir», estime son président. Le principal savoir-faire de la maison ? La rénovation de l’habitat, notamment occupé. Maisons & Cités, le bailleur du bassin minier, est son plus gros client. «Nous nous efforçons d’apporter aux petits chantiers l’offre globale et la qualité de service que les majors apportent aux grands», relève Bernard Krzyzak. Batinor travaille d’ailleurs depuis dix ans au développement d’un logiciel de gestion maison, que son président entend commercialiser. «Nous avons 2 à 3 chantiers poumons par an, de 40 à 80 logements, à côté desquels nous faisons de l’intervention rapide grâce à un stock qui nous permet de répondre sous 24 h à une demande spécifique», explique Michel Boulinguez, directeur général. Entré dans la boîte en 1999 en tant que conducteur des travaux, il est le symbole d’une PME qui connaît peu de tur-nover et fait fonctionner l’ascenseur social. La formation est un des chevaux de bataille de Batinor, qui compte toujours dans ses rangs 4 à 5 apprentis, qui peuvent espérer une embauche en CDI si le stage se passe bien. Après avoir ouvert une antenne à Calais, Batinor vise désormais un développement dans le secteur industriel.
France 2000 a fait son petit bonhomme de chemin depuis sa création, en 1983, par Jean-Claude Sot, un ancien de l’usine Fenwick à Troyes. Titulaire d’un bac F1 (construction mécanique) et d’un CAP de tourneur, cet autodidacte s’est d’abord lancé dans la fabrication de stores et de vérandas, avant de se spécialiser dans la menuiserie aluminium. Sa société conçoit, fabrique et pose des façades complètes, en particulier des murs-rideaux, pour des bâtiments scolaires, des concessionnaires automobiles, des centres commerciaux, des immeubles d’habitation, des piscines, etc. Ses clients: les majors du BTP, les collectivités locales et les entreprises générales du bâtiment. «Pour nous différencier de la concurrence, nous fabriquons des profilés spécifiques, explique le gérant. Nous ne faisons pas appel à la sous-traitance. Nous préférons gérer tout de A à Z afin de maîtriser la qualité.» Pour rester performant, France 2000 mise sur la formation et s’apprête à investir un demi-million d’euros dans du matériel de production: cisaille, plieuse, centre d’usinage. Après avoir grimpé en flèche jusqu’en 2008, le chiffre d’affaires s’est stabilisé. Agréée Technal, la PME intervient dans un rayon de 300 kilomètres autour de Troyes et réalise 60% de son chiffre d’affaires en région parisienne. Sa meilleure vitrine: ses 3 000 m 2 de bureaux tout de verre et d’aluminium, construits il y a dix ans au pied de l’autoroute.
Nord Est TP Canalisations est peut-être un modèle en son genre. Modèle de succession réussie entre son fondateur, Daniel Cames, et le repreneur de l’entreprise, Sébastien Vacellier, 46 ans, embauché comme conducteur de travaux et accompagné durant les deux années précédant son accession à la présidence en 2011. Modèle social ensuite, les salariés bénéficiant de la participation, de l’intéressement, d’une prime de fin d’année et de primes de chantier. «Tous me tutoient, souligne Sébastien Vacellier. Ma porte est toujours ouverte, notre fonctionnement est collégial et transparent. Il règne un esprit familial, une culture Daniel Cames, basée sur le dévouement à la société et le respect de la parole donnée.» Résultat: un turnover et un absentéisme très faibles. Modèle d’adaptation, enfin, puisque la PME a su évoluer avec le marché. «L’éolien et le chauffage urbain ont compensé l’adduction d’eau potable et l’assainissement.» Les réseaux secs, la clientèle industrielle, un chouïa de VRD et un soupçon de forages horizontaux - en technique pousse-tube - complètent la palette de cette entreprise qui intervient maintenant dans toute la France. «La multi-activité nous a sauvés», affirme le président. Ses projets: ouvrir le capital à d’autres cadres de la société et, éventuellement, faire de la croissance externe, soit en ouvrant des agences, soit en rachetant d’autres entreprises dans son secteur d’activité.
La Maison du Chauffage est une habituée des distinctions. En 1977, moins de dix ans après sa création par Jean?Pierre Duez, la société avait reçu un Mercure d’or, remis à Paris par René Monory, alors ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. Un an après le décès de Jean-Pierre Duez, le Prix Moniteur de la Construction vient consacrer la réussite d’une succession assurée par son fils Christophe. Mais la recette n’a pas changé: « Essentiellement de l’installation gaz, 460 chaudières en 2014, pour une clientèle de particuliers situés dans un rayon de 30 km autour de Douai.» Une clientèle fidélisée grâce à une politique de contrats d’entretien, développée dès le milieu des années 1980. «C’était très décrié à l’époque, se souvient Christophe Duez. Les gens y voyaient un truc de filou ! » Trente ans plus tard, le contrat est pourtant la règle, et la Maison du Chauffage n’en compte pas moins de 5 000 à son actif ! Cette constance préside également à la gestion de la société, «où nombre de nos salariés ont effectué toute leur carrière.» Le déménagement des vieux locaux du centre de Douai - «où l’on commençait à travailler comme des Japonais» - à Dechy, en 2005, fut, toutefois, l’occasion d’«apporter du sang neuf». De quoi repartir pour des décennies, mais toujours en prenant des «risques mesurés». Christophe Duez veille chaque jour à préserver cette ambiance familiale et de dialogue voulue par son père. «Nous parlons, beaucoup, entre nous comme avec nos clients. Et si nous avons commis une erreur, nous savons le reconnaître.»