Achevé en 1859, ce pont ferroviaire long de 316 mètres n’était plus utilisé depuis 2015. Il a été transformé en promenade piétonne et cycliste par l’agence Base, et mis en valeur par l’Atelier Lumière. Le dispositif technique, explique le concepteur, « consiste en une série de séquences d’éclairage mouvantes entrecoupées de séquences fixes. L’objectif étant de rappeler le passage des trains mais également d’accompagner par le mouvement de la lumière les traversées réalisées aujourd’hui à pied ou à vélo, ainsi que les moments de pause au niveau des trois espaces singuliers créés : l’observatoire des jardins, le belvédère et la tour nuage. »
Le jury a eu un « coup de cœur » unanime pour cette mise en lumière qui s’intègre parfaitement au projet de transformation de l’ouvrage d’art, en respectant son histoire. Il a également souligné l’utilisation judicieuse de la couleur rouge, reconnue comme la moins impactante sur la biodiversité.
Traversée par des piétons se rendant à la gare de Saint-Quentin, au centre d’affaires, au campus universitaire ou simplement chez eux, cette place devait devenir plus attractive à la nuit tombée, tout en étant sécurisée. « Notre attention s’est portée sur la proportion entre deux ambiances - fonctionnelle et scénique -, laissant l’usager choisir », explique le concepteur lumière Marc Dumas. Des bandeaux lumineux éclairent la périphérie des circulations ; tandis que dans la pénombre sont projetées au sol des images colorées de pétales de rose, clin d’œil à la roseraie toute proche. « La scénographie déployée aux endroits clés des parcours, poursuit Marc Dumas, est faite pour susciter un bien-être, pourquoi pas une envie de danser sur un tapis de roses ; en tous cas ôter une certaine appréhension de la nuit. »
Le jury a apprécié la réflexion menée sur les zones d’ombre et de lumière tout au long du parcours des piétons. Il a également souligné la poésie apportée par les grands pétales de fleurs au cœur de cette ville nouvelle.
L’hôtel de ville, inauguré en 1886, a fait l’objet d’une restauration de ses façades et de sa couverture. L’occasion pour la municipalité d’y ajouter une mise en lumière. Conçue par Noctiluca, celle-ci révèle les détails architecturaux du bâtiment, tels que la ligne de faîtage, les chiens assis, les linteaux ou encore les bas-reliefs. « La nuit venue, le carrefour est généreusement éclairé, indique le concepteur lumière. Aussi, il nous a fallu trouver le juste éclairage pour ne pas surenchérir mais créer une nouvelle poésie au lieu. » Il a également veillé à ce que « le matériel n’émette de la lumière que dans un champ totalement maîtrisé, afin de ne pas créer de gêne pour l’homme, la faune et la flore ».
Construit au XVe siècle sur un éperon rocheux, le château est l’actuel siège de la mairie. « L’éclairage blanc permet de restituer les coloris naturels de la pierre et des rochers, décrivent les concepteurs ETE Valette et WE-EF Lumière. Il fait ressortir l’édifice au sein d’un ensemble davantage tourné vers le jaune. » Les façades, les tours d’angle et le mur de soutènement disposent d’un éclairage rasant ; tandis que le clocher et son horloge bénéficient d’un éclairage directionnel. Les concepteurs ont aussi voulu mettre en valeur la nature du site « en projetant les ombres des excroissances rocheuses et des végétaux s’accrochant aux parois ».
Le jury a salué la volonté d’une commune de moins de 500 habitants de mettre en valeur son patrimoine bien vivant. Une réalisation qui se distingue, elle aussi, par l’adéquation entre l’installation lumineuse et son site.
Chaque année à travers son Concours Lumières, le Serce, organisation professionnelle qui représente les entreprises de la transition énergétique et numérique, récompense des maîtres d’ouvrage ayant réalisé des mises en valeur du patrimoine français - monument, site rural ou urbain, jardin ou ensemble paysager - par le biais d’un éclairage spécifique.
Le jury de l’édition 2022, réuni le 18 mai dernier à Paris, a distingué quatre d’entre eux parmi une quinzaine de dossiers de candidature (lire palmarès ci-dessous). « Ces réalisations sortent de l’ordinaire par leur conception sans excès, leur parfaite intégration à l’existant, leur élégance et leur poésie », résume le président du jury Guy Geoffroy, maire de Combs-la-Ville et président de l’association des Eco Maires.
Les récompenses seront remises dans chaque commune primée à l’automne prochain.
Le palmarès :
1er prix
Pont de fer à Moulins (Allier)
Maître d’ouvrage : Moulins Communauté
Concepteur lumière : Atelier Lumière
2e prix
Place de la République à Guyancourt (Yvelines)
Maître d’ouvrage : Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines
Concepteur lumière : Marc Dumas Lumière
3e prix ex-aequo
Hôtel de ville à Pantin (Seine-Saint-Denis)
Maître d’ouvrage : Ville de Pantin
Concepteur lumière : Noctiluca
3e prix ex-aequo
Château à Lussan (Gard)
Maître d’ouvrage : Mairie de Lussan
Concepteurs lumière : ETE Valette / WE-EF Lumière
Les membres du jury 2022 :
- Guy Geoffroy, maire de Combs-la-Ville, président de l’association des Eco Maires, président du jury
- Stéphane Delagneau, conseiller municipal délégué à l’assainissement et à l’éclairage public de la Ville de Longjumeau et chef du service « Réseaux, éclairage public, assainissement » de Grand Paris Seine Ouest
- Jérémy Deville, conseiller régional « éclairage public » du Serce pour la région Ile-de-France
- Benjamin Thébaud, directeur général et co-fondateur de Land’Act, agence de paysage et d’urbanisme
- Milena Chessa, journaliste au « Moniteur des travaux publics et du bâtiment »