
Le logement mis en perspective par des étudiants en architecture
CHESSA Milena | le 26/06/2020 | Paris, Exposition, Ecoles nationales supérieures d'architecture (Ensa), Confinement
Pendant la période de confinement, Guillaume Ramillien a demandé à ses étudiants en 4e année à l’école d’architecture de Versailles de dessiner le lieu dans lequel ils vivaient. Une sélection est exposée jusqu’au 17 juillet 2020 à la Galerie d’architecture, à Paris (IVe).
Au printemps dernier, Guillaume Ramillien, maître de conférences titulaire à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles (ENSAV), devait emmener ses étudiants de 4e année en voyage d’étude à l’étranger pour comprendre l’habitat local à travers la pratique du dessin. Mais, à cause d’un déroutant coronavirus, c’est finalement leur propre habitat qu’ils ont dû étudier pendant la période de confinement.
La Galerie d’architecture expose, du 26 juin au 17 juillet 2020 à Paris (IVe), une sélection des dessins réalisés par Gabrielle Bazin, Théophile Bianciotto, Samuel Garland, Chloé Gillespie, Alice Daubigny, Alicya Jouet, Sophie Kaltenback, Quentin Lemazurier, Julien Quinet et Félix Thiollier (*). « Nous avions vu le compte Instagram de cet atelier confiné et voulions exposer ces témoignages d’une période à la fois inédite et intense », explique Gian Mauro Maurizio, directeur et co-fondateur de la Galerie d’architecture.
Narration
Chaque étudiant avait pour exercice quotidien de représenter le lieu dans lequel il vivait. Jean-Christophe Quinton, directeur de l’ENSAV, appréciait déjà ces travaux au début du confinement derrière son écran. Le 25 juin, il a pu les admirer concrètement lors du vernissage de l’exposition et féliciter leurs auteurs qui, selon lui, se nourriront à l’avenir de cette production. « Ils savent faire d’un dessin une narration », observe-t-il notamment.
Félix Thiollier a par exemple capturé trois instantanés de vie dans son appartement à travers la série intitulée « Dimanche 23h, vendredi 23h, mardi 23h ». Alicya Jouet a séquencé comme un traveling la vue qu’elle avait depuis sa fenêtre ouvrant sur une cour d’immeuble. Alors que Julien Quinet a « autopsié » sa chambre sous tous les angles. « C’est un autoportrait dans lequel j’ai disparu », décrit-il.
Scénettes
« On peut révéler tout ce qu’on veut par le dessin », constate Gabrielle Bazin, qui était surprise de la différence entre fiction et réalité lors des visioconférences faites avec les autres étudiants pendant le confinement. Et depuis le déconfinement, en leur rendant visite chez eux, elle s’étonne encore : « C’est ça ton appart’ ? »
Guillaume Ramillien s’est prêté au même exercice de représentation de son intérieur. « Les enseignants ne font jamais ce qu’ils demandent à leurs étudiants, c’était l’occasion, explique-t-il. C’était aussi un moyen de tisser un lien entre nous. » Résultat, son « Saint-Maur Palace » foisonne de détails de construction et de décoration, mais aussi de scénettes imaginant les activités de ses voisins reclus, comme lui.
Contrastes
Une atmosphère particulière peut également se dégager d’un dessin grâce au travail de la lumière. Illustrations avec Sophie Kaltenback et Chloé Gillespie qui jouent chacune à leur manière sur les contrastes, soit en couleur, soit en pointillé. Chez Théophile Bianciotto, ou plutôt dans sa « cohabitation versaillaise », il existe aussi des zones d’ombre. Mais il ne s’agit pas d’obscurité. L’étudiant a choisi d’assombrir les recoins de l’appartement auxquels il n’avait pas accès. Son dessin comporte donc une part d’observation et une part d’interprétation. Une intéressante leçon apprise lors de cet atelier confiné.
(*) A noter que les bénéfices issus de la vente des reproductions de ces dessins seront reversés au fonds d’aide d’urgence aux étudiants de l’ENSA de Versailles.
Marco
26/06/2020 19h:16
Trés intéressant!!!