«Exposer à la Biennale de Venise assure et rassure», Valentine Guichardaz-Versini, architecte
Propos recueillis par Milena Chessa | le 20/05/2021 | Biennale de Venise, Italie
La directrice de l’Atelier Rita présente à la 17e Mostra le centre d’hébergement d’urgence qui lui a valu le prix d’architecture de la Première œuvre en 2017. Elle dévoile au «Moniteur» les coulisses de son installation dans les anciennes corderies de l’Arsenal.
Du 22 mai au 21 novembre 2021, vous allez exposer l’une de vos œuvres à la 17e Biennale internationale d’architecture de Venise (Italie). Comment avez-vous été invitée à y participer ?
En août 2019, j’ai reçu un e-mail du commissaire de l’exposition, Hashim Sarkis. Il me demandait si j’étais d’accord pour présenter à l’Arsenal le centre d’hébergement d’urgence à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) [lauréat du prix d’architecture de la Première œuvre 2017, NDRL]. J’ai relu 18 fois son message pour savoir s’il ne s’était pas trompé de destinataire. J’ai répondu oui parce que j’en étais honorée. C’est quand même la Biennale de Venise… et puis cette expérience inédite m’intéressait.
Sauf qu’avec un budget alloué d’environ 5000 euros (versé à la fin de l’exposition), il a fallu faire appel au système D. On a tapé à toutes les portes pour trouver des mécènes, mais l’Atelier Rita étant une entreprise et pas une association, personne n’a voulu nous accorder des fonds. Logique ! Néanmoins, certains nous ont apportés gentiment et gracieusement une aide matérielle comme le serrurier Pro Tech System, l’entreprise générale Genere et les bureaux d’études HC acoustique et Studio 31Db. Une partie de l’installation audio a été prêtée par K-array et des plaques en plastique recyclé ont été données par Sas minimum. Le reste a été autofinancé. Un peu naïvement, je n’imaginais pas qu’exposer à la Biennale de Venise représentait un tel investissement en termes d’argent et de temps.
A cause de la pandémie de Covid-19, la Mostra a été reportée d’une année. Comment avez-vous vécu ces derniers mois ?
Entre la commande passée en août 2019 et le vernissage de l’exposition prévu en mai 2020, il existait une forme d’urgence à faire aboutir notre projet d’installation. Et puis il y a eu le Covid. On a alors vécu une succession de «stop and go» jusqu’au feu vert final annoncé par la Biennale en janvier dernier. Forcément, sur la longueur, on a perdu ce catalyseur qu’est l’urgence. Mais le montage de la structure sur cinq jours début mai a été un moment génial ! Avec Emilie Bonnaire et Gaspard Brousse, les deux autres architectes de l’atelier, nous avons pu construire notre cabane de nos mains. D’habitude, nous sommes devant nos écrans d’ordinateurs. Là, on a fabriqué ce qu’on avait dessiné. Je pense que ça nous relie à quelque chose d’essentiel dans le métier d’architecte. Heureusement, l’entreprise Pro Tech System nous avait bien simplifié le travail.
Le thème général de la cette Biennale est : «Comment vivrons-nous ensemble ?» Quelle réponse apportez-vous ?
Nous avons posé directement la question à ceux qui habitent dans le centre d’hébergement d’urgence pour migrants et roms à Ivry-sur-Seine. En collaboration avec Emmaüs, gestionnaire du lieu, nous avons recueilli une dizaine de témoignages audio - en anglais - qui constitue une somme de récits individuels au sein de cette aventure collective. Ils parlent de manière très réaliste du vivre-ensemble. L’installation présentée à l’Arsenal de Venise ne cherche pas à détailler l’architecture du centre d’hébergement, mais à retranscrire ce que l’on peut y ressentir. Cela me semblait plus intéressant.
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