Réemploi de matériaux : les bonnes recettes de la grande halle de Colombelles
Christine Raout | le 01/04/2019 | Chantiers, Développement durable, Calvados, Réemploi des matériaux, Ademe
Le réemploi, c’est moins de matériaux neufs et plus de matière grise, de main-d’œuvre et de collaboration. Ceux qui l’expérimentent sur le chantier de la grande halle (à côté de Caen) et ailleurs se sont réunis jeudi 28 mars 2019 pour soulever les questions de méthode et de développement du réemploi.
A l’occasion du mois de l’architecture, l’association Territoires pionniers/Maison de l’architecture - Normandie a organisé des rencontres sous la thématique « Chantiers communs ». Le 28 mars le rendez-vous était fixé sur le chantier de la grande halle de l’ex-Société métallurgique de Normandie (SMN), à Colombelles, à l’est de Caen.
L’idée : échanger, dans le bâtiment, autour du réemploi et de l’économie circulaire, à partir de l’expérience de réhabilitation de la grande halle, qui prévoit la transformation des locaux de l’atelier électrique, vestiges avec la tour réfrigérante de la SMN en un lieu de co-working et d’événementiel.
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Plusieurs gros chantiers lancés
Le réemploi, c’est la possibilité de récupérer des matériaux issus d’un chantier de démolition ou de rénovation et de les intégrer dans un autre chantier. Pour la grande halle, la préparation du chantier s’est faite en même temps que le lancement de plusieurs gros chantiers dans la communauté urbaine. Une aubaine pour trouver des matériaux localement.
Un chantier de matière grise
Montage de dossiers, adaptation des plans, travail en amont avec les entreprises de dépose et de repose, validation des assurances, stockage, etc, les questions sont nombreuses et la réflexion sur tous ces points fait de la grande halle un chantier pionnier. Au final, les sanitaires et les radiateurs seront à quasi 100 % issus du réemploi, ainsi qu’une petite part de l’isolant (100 m2), du bois des balcons donnant sur la grande nef et du carrelage.
Au final, si le réemploi permet une économie d’achat de matériaux, le budget global n’est pas spécialement à la baisse. Pour les intervenants qui expérimentent le réemploi, la question ne se pose pas en ces termes : où situer la valeur ? Dans l’achat de matériaux neufs ou bien dans la matière grise et la main-d’œuvre ?
Vers une filière réemploi
Pour Julie Benoît, architecte de Bellastock, qui travaille sur le réemploi avec le projet « Repar » : « Beaucoup de projets émergeaient mais sans vision d’ensemble, d’où la réflexion menée avec l’Ademe pour amorcer des filières. Nous travaillons sur les retours d’expérience avec des méthodes qui se ressemblent d’un chantier à l’autre. Nous ne sommes plus dans une phase expérimentale, on peut voir que ça mène à un travail collaboratif, un changement de métiers et des réflexes qui apparaissent. Il faut faire des coups d’éclairage pour encourager le réemploi. »
Plate-forme dématérialisée
L’idée d’une plate-forme dématérialisée de réemploi mettant en lien les gisements et les besoins est en cours de réflexion pour la Normandie.
En conclusion, le directeur délégué de l’Ademe Normandie, Eric Prud’homme, y voit des pistes de travail : sur la commande publique et dans les écoles d’architecture pour y introduire la notion de réemploi, le travail avec les entreprises du bâtiment, sur les questions d’assurances, de modèle économique et d’écoconception : « Construire tout en pensant à l’entretien, au recyclage et à la déconstruction du bâtiment. C’est un changement de posture, le réemploi induit aussi l’augmentation du taux de recyclage sur les chantiers. Les deux mots d’ordre du réemploi sont frugalité et créativité. »
Fiche technique
Maître d’ouvrage : Normandie Aménagement
Maître d’œuvre : Encore Heureux Architectes (Paris)
Surface : 3 200 m2
Budget : 7,6 millions d’euros
Calendrier : livraison, en 2019
Agnès
29/04/2019 13h:29
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