Au sud de Nantes, la cité éphémère Transfert veut réinventer la ZAC
Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur) | le 29/06/2018 | Réinventer Paris, Culture, Loire-Atlantique, Frédéric Bonnet
La ZAC est morte. Vive la ZAC, zone d’art et de culture. Sur le site des anciens abattoirs de Rezé, le projet Transfert entend, pendant cinq ans, venir pimenter par la culture la création d’un vaste projet urbain.
Dimanche 1er juillet, à 6h18 du matin, une montgolfière s’élèvera sur Transfert, une cité éphémère de 3 hectares, érigée en quelques mois au cœur d’une friche de 15 hectares sur le site des anciens abattoirs de Rezé, aux portes de Nantes. Accompagné de danseurs suspendus et d’un ensemble de sound systems tunnés, cet envol poétique marquera le lancement du Voyage à Nantes mais surtout le début d’un projet culturel d’urbanisme transitoire unique.
Il y a ZAC et ZAC
En attendant la future Zone d’aménagement concerté (ZAC) de Pirmil-les-Isles esquissé par l’urbaniste Frédéric Bonnet, le projet porté par l’association nantaise Pick Up Production propose sa vision de la ZAC en expérimentant une « Zone d’art et de culture » dans cet espace en friche, sorte de désert urbain appelé à faire partie demain du futur cœur métropolitain. Durant cinq ans, ce lieu en transition portera une réflexion artistique sur la ville de demain. Hors de question pour autant d’être une sorte de prestataire des futurs aménageurs assure Nicolas Reverdito, directeur de Pick Up. « On sera peut-être même leur poil à gratter » déclare-t-il. Un rôle validé par les élus. « La proposition de Pick Up Production consiste à aborder la construction de la ville par le culturel et par l’innovation artistique, socioculturelle et scientifique. Je n’avais pas rêvé mieux pour construire ce quartier du futur » s’enthousiasme le maire de Rezé, Gérard Allard.
Renouvellement urbain intercommunal
Ce quartier sera au cœur d’un territoire de 150 hectares dont l’architecte et urbaniste Frédéric Bonnet a déjà défini les grandes orientations avec notamment la création de 3 300 logements dans un « parc habité » sur deux kilomètres le long de la Loire. Il s’agira du premier projet de renouvellement urbain porté par Nantes Métropole à une échelle intercommunale entre Nantes sud, Rezé et Bouguenais. Aussi, la métropole n’a pas hésité à voter en février dernier une enveloppe de 2,6 millions d’euros pour 2018 pour soutenir Transfert. Des mécènes privés accompagnent également le projet tels le Crédit Agricole Vendée et le promoteur Cogedim Atlantique. « De la même manière que les modèles économiques changent, une vraie réflexion doit être portée sur la construction de la ville avec une recherche de sens. L’atmosphère d’improvisation organisée de Transfert y contribuera » explique Jérôme Beauvois, directeur général de Cogedim Atlantique.
Transfert et évolution
Au fil des cinq années d’occupation, Transfert est amené à évoluer. Pour l’heure, des containers placés à la verticale dessinent une skyline postmoderne jouant avec la Cité radieuse voisine. « Ils délimiteront une sorte de place publique avec la volonté de créer un univers intime au milieu de cette grande zone vierge » explique Carmen Beillevaire, en charge de la scénographie. Musiques, arts de rue, cirque, chantiers participatifs, ciné-débats… Transfert sera un lieu de vie avec une programmation culturelle dense jusqu’au 10 septembre. Accompagné par le Pôle des arts urbains (pOlau) en tant que lauréat du concours « Emergence arts et urbanisme », le projet aura aussi « une dimension laboratoire forte » promet Fanny Broyelle, secrétaire générale de Pick Up qui a commencé à mettre sur pied une méthodologie et réseau d’acteurs.