A Saint-Denis Pleyel, le Grand Paris entre en gare
Emmanuelle Picaud | le 15/06/2020 | infrastructure, Grand Paris, Grand Paris Express, Seine-Saint-Denis
Le chantier de la station qui accueillera un des plus grands hubs parisiens est désormais bien entamé. Les opérateurs anticipent déjà le pic d’activité, prévu pour l’année prochaine.
Situé à quelques encablures du Stade de France, le quartier Pleyel, en Seine-Saint-Denis, est devenu le théâtre de multiples opérations de construction. Cette zone urbaine occupée par plusieurs sièges sociaux d’entreprises doit, à l’horizon 2024, devenir l'une des vitrines du Grand Paris et un des centres névralgiques des Jeux olympiques. A l’est, côté Seine, elle accueillera le village de 51 ha où logeront 1 700 sportifs. A l’ouest, elle sera au cœur d’une importante zone de passage avec la gare de Saint-Denis-Pleyel, où doivent transiter chaque jour 250 000 voyageurs.
Nouveau "hub" francilien
Quatre lignes de métro automatique (14 Nord, 15, 16 et 17), mais aussi deux lignes existantes (RER D et ligne 13) desserviront ce nouveau « hub », dont l’architecture a été imaginée par le célèbre architecte japonais Kengo Kuma. Pour l’heure, les travaux battent leur plein sur le périmètre du chantier. La pose des fondations, avec la réalisation des parois moulées de la gare, touche à sa fin. La surface exceptionnellement grande de l’infrastructure (8 000 m² par niveau, sur quatre étages) a conduit à réaliser des ouvrages d’une grande profondeur (50 m en moyenne) et d’une épaisseur importante (de 1,50 à 1,80 m) pour résister à la poussée des terres. Trente-six poteaux doivent également permettre de reprendre les efforts que générera la superstructure de cinq niveaux qui surmontera la station.
Depuis peu, les opérateurs ont débuté les travaux de terrassements, à quelques mètres seulement des lignes de chemin de fer. Environ 270 000 m³ de terres devront, à terme, être excavés, soit l’équivalent de cent piscines olympiques. « Nous travaillons selon un procédé « top and down », ce qui signifie que nous coulons d’abord la dalle de couverture, puis nous excavons sous le béton. Une fois un étage terminé, nous attaquons le second, et ainsi de suite, selon le même procédé « en taupe ». Cela nous permet, d’une part, d’utiliser les dalles intermédiaires comme contreforts pour retenir les parois de la fouille en cours d’excavation, et, d’autre part, de gagner du temps car nous pourrons libérer les niveaux au fur et à mesure afin que d’autres corps de métiers puissent intervenir sur place », explique Benoit Bussery, directeur du chantier de la gare Saint-Denis Pleyel, chez Eiffage.
Gérer la co-activité sur le site
Ouvrages et méthodes de travail ont été adaptés afin de faciliter la logistique au moment où le chantier atteindra son pic d’activité. A ce moment-là, le site deviendra le siège d’une importante co-activité. « Nous attendons plusieurs entreprises en tous corps d’état (TCE) en 2021, qui interviendront en parallèle de nos propres travaux. Nous devons livrer notre travail pour les JO, ce qui ne nous oblige à adapter nos infrastructures pour accueillir un grand nombre d’intervenants, et à anticiper nos plannings en conséquence », poursuit Benoit Bussery. En prévision de l’arrivée de nouveaux travailleurs, le mandataire, Eiffage, a construit en partenariat avec Algeco une importante base vie de huit étages, dont cinq reposent sur des portiques métalliques. A l’avenir, cette importante installation pourra accueillir environ 400 personnes.
Les nouveaux occupants du chantier de la gare ne devraient toutefois pas être les seuls à investir les lieux. Le chantier de la tour Pleyel, ce bâtiment de 40 étages qui sera transformé en hôtel de luxe, a repris le 26 mai après deux mois d’interruption dû à la Covid-19. Celui du pont qui franchira les voies ferrées de la gare, baptisé « franchissement Pleyel », doit bientôt débuter. Ces deux méga-chantiers se situent à quelques encablures de celui de la future gare. Cette co-activité impactera à coup sûr le périmètre des travaux, qui s’en trouvera réduit, mais aussi les approvisionnements en matériaux qui transitent par l’autoroute A86. Autant d’aléas qu’anticipe le directeur des travaux, dont l’esprit reste fixé sur 2021. « Nous n’avons pas le choix, malgré nos délais serrés, nous devons tenir l’échéance de 2024 », insiste-t-il.