A Aix-en-Provence, la fondation Vasarely a terminé sa mue
Christiane Wanaverbecq (Bureau de Marseille du Moniteur) | le 08/02/2019 | Métropole Aix-Marseille-Provence, Aix-en-Provence, Réalisations, Technique, Chantiers
La fondation Vasarely à Aix-en-Provence retrouve son lustre. Le chantier de six années a permis de mettre aux normes un bâtiment conçu par l’artiste Victor Vasarely pour abriter ses œuvres monumentales.
Ce 7 février 2019, à la fondation Vasarely à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), l’inauguration de l’exposition « Une œuvre manifeste restaurée » par Pierre Vasarely, petit-fils de Victor et président de la fondation, marque la fin d’un chantier de six années pour mettre aux normes un bâtiment livré en 1976.
Conçue par l’architecte Jean Sonnier en étroite relation avec l’artiste Victor Vasarely qui voulait une « œuvre totale » où contenant et contenu sont indissociables, la construction a été restaurée en veillant à garder son caractère « année 1970 ». Et pour cause, classée monument historique depuis novembre 2013, le centre architectonique attend sa labellisation en tant que « Musée de France ».
Enrayer la dégradation
« L’édifice n’a pas subi de dégradations lourdes, mais seulement perdu de son lustre par défaut d’entretien. Et au fil des ans, l’accumulation de modifications est venue altérer la rigueur et la simplicité du dessin. L’ambiance lumineuse que produisaient les grandes verrières du toit avait été masquée par des bâches de protection pour pallier le défaut d’étanchéité », raconte l’architecte Jacques Repiquet, qui a conduit le chantier sous le contrôle de Robert Jourdan, conservateur régional des monuments historiques, associé à Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques (ACMH). « La priorité était de retrouver la qualité lumineuse voulue par Victor Vasarely pour éclairer notamment les hautes salles de présentation des œuvres monumentales « Intégrations » », insiste l’architecte.
Réparti en deux phases pour des raisons budgétaires, le programme des travaux a été établi pour enrayer la dégradation du bâtiment et des œuvres. Il s’agissait par ailleurs d’améliorer les conditions d’accueil des visiteurs, ainsi que celles des employés de la fondation.
Priorité aux verrières
Engagé en janvier 2013, le chantier a permis de réaliser l’étanchéité des toitures, l’assainissement des sous-sols inondés, ainsi que de remettre en état des circuits de fluides et d’électricité. L’autre priorité pour un édifice recevant du public a été l’actualisation des installations de chauffage, de sécurité incendie et de désenfumage. Cela ne s’est pas déroulé sans aléas et corrections. Ainsi, la charpente en bois dégradée de la verrière zénithale numéro 4, une des 13 à restaurer, a imposé un étaiement en urgence en août 2014 et sa restauration. « Cette intervention en urgence a eu l’avantage de permettre la mise au point du dispositif d’étanchéité des verrières », déclare Jacques Repiquet. « Nous avons imaginé différentes solutions. Pour protéger des ultraviolets et autres contraintes liées aux forts rayonnements, le parti a été pris de remplacer le vitrage extérieur et d’y poser un film filtrant. Pour régler le problème d’infiltration récurrent, nous avons démonté les menuiseries et posé des profils de drainage », précise-t-il.
Ce parti a permis de conserver le dispositif de double vitrage à l’intérieur duquel était glissée une résille d’aluminium focalisant la lumière.
Rendre sa netteté au parc
L’autre sujet a été la restauration des 21 façades aveugles constituées de panneaux en aluminium noir et blanc posés sur des voiles en béton. Ceux-ci ont été nettoyés avec un système de brosses rotatives. Quant aux neuf murs rideaux composés de vitrages et d’arêtes en aluminium, ils ont été déposés. Les parties les plus fragiles ont été changées par greffe.
La restauration du parc a fait partie du projet. Pour lui rendre sa netteté et recréer l’effet glacis donné par le tapis de verdure, Philippe Deliau de l’atelier Alep a ainsi imaginé une lame d’acier oblique. Fortement ancrée dans le sol, elle serpente en limite de terrain et retient les terres.
La mue de la fondation Vasarely va se poursuivre avec la restauration des Intégrations, les œuvres monumentales intégrées dans les murs intérieurs. Les études sont en cours pour déterminer avec précision les traitements à mettre en œuvre.
Dans les cartons, également, la construction d’un bâtiment en partie enterré de 1 000 m² qui s’articulera avec une des 16 alvéoles, en l’occurrence, l’alvéole numéro 13, qui accueille un ascenseur, les circulations verticales et les équipements techniques. Conçu avec l’architecte niçois Marc Barani, il permettra l’accueil d’expositions. Reste à rassembler les fonds nécessaires.
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage : Fondation Vasarely
Architectes : Briolle Marro et Repiquet, Jacques Repiquet, mandataire ; Pierre-Antoine Gatier, ACMH et Marc Barani, architecte ; Birgitte Fryland, scénographe
Paysagiste : Alep, Philippe Deliau
BET : VS-A, Robert-Jan Van Santent, ingénierie de l’enveloppe ; Kléber Daudin, ingénierie thermique et fluides ; Auxitec, ingénierie structure ; Adrien Amantini, économie
AMO : ODM SA et Jean-Claude Zejma
Contrôle technique et coordination sécurité : Apave
Ordonnancement-pilotage de chantier : Adrien Amantin
Entreprises : Serrurerie La Parette, métallerie, vitrerie, verrière et façades ; Eurotoiture, charpente bois ; Inter Etanchéité, étanchéité ; CMT CVC, chauffage, ventilation, climatisation, plomberie, sanitaires ; CMT Elec, électricité ; Otis, ascenseur, monte-charge ; Gecim, maçonnerie, isolation thermique, cloisons, doublage, plâtrerie, peinture, revêtements de sol, menuiseries intérieures bois, protection des œuvres
Montant des travaux : 3 millions d’euros HT (phase A) ; 5,7 millions d’euros HT (phase B) ; 440 030 euros HT (aménagement lisière et sécurisation du parc)
Surface de plancher : 4 000 m2
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