18 modules bois préfabriqués mis en œuvre en six nuits
Amélie Luquain | le 15/01/2020 | Paris, Réinventer Paris, Surélévation, Construction modulaire, Ossature bois
A Paris, le gros œuvre de la résidence étudiante du Relais d’Italie a duré moins d’une semaine. Une prouesse obtenue grâce à la construction en atelier des éléments 3D prêt-à-poser.
Six jours ou plus précisément, six nuits auront suffi pour assembler les 18 modules qui forment la résidence dédiée à la colocation étudiante du Relais d’Italie dans le XIIIe arrondissement de la capitale.
Pour ce projet, conçu par l’architecte Pablo Katz dans le cadre de la consultation Réinventer Paris, les trois logements en triplex reçoivent chacun dix chambres, leurs salles de bain et des espaces communs. « Ils viennent coiffer un ancien conservatoire en R+1, qui sera à terme transformé en espace de culture et de travail collaboratif », explique Yves Crochet, directeur associé d’Open Partners, maître d’ouvrage de l’opération.
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Les modules en 3D de 16 m de long par 3,40 m de large et 3,50 m de haut ont été préfabriqués et assemblés dans un entrepôt en friche situé à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise) par une trentaine de compagnons durant six mois, entre juin et décembre 2019. « Ces éléments à ossature bois utilisent un système constructif proche de celui des coques de bateau, qui consiste à créer un socle sur lequel sont posées des membrures espacées de 60 cm. L’ensemble en épicéa est solidarisé par des panneaux de contreventement en bois composite. Chaque module est ensuite isolé de laine de verre. Sur le chantier, les logements seront habillés d’un bardage en mélèze », détaille Christophe Roudet, directeur général d’Artis Construction, qui coordonne leur assemblage sur le chantier.
Quatre modules posés en une nuit
Mardi 14 janvier, onze modules avaient déjà été posés, en quatre nuits seulement. Chacun d’entre eux a été fixé sur la charpente métallique de l’ouvrage, puis assemblé suivant la technologie brevetée, « Dhomino ».
L’objectif de cette soirée sera d’en poser quatre de plus. Les camions arrivent vers 22h30, les uns derrières les autres, pour stationner sur le boulevard Vincent Auriol, fermé à la circulation dans un sens pour l’occasion. La livraison ne pouvait s’effectuer que de nuit par convoi exceptionnel de deuxième catégorie au vu des gabarits des caissons 3D. Un huissier, qui a contrôlé leur état une heure et demie plus tôt, au départ du transporteur, vérifie leur conformité à l’arrivée. « Le trajet peut occasionner des déformations comme des microfissures de la structure rigide, ainsi que des risques de prise au vent du pare pluie qui enveloppe le module, bien que la vitesse des véhicules soit limitée à 70 km/h », explique Sami Hariz, pilote de l’opération pour Artis Construction.
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Une fois l’état des caissons validé, les compagnons peuvent procéder à leur mise en place. Chaque élément est suspendu à la grue automotrice, dont la flèche de près de 40 m de long a été munie d’un écarteur et de trois poutres palonnier afin d'assurer leur équilibrage. « Bien que chaque module ne pèse que 16 t, la capacité de portance de l’engin s’élève à 300 t (là où 160 t auraient suffi) afin de suppléer aux 30 m de distance qui séparent le camion de la grue, installée à l’angle de la rue Albert Bayet », explique Christophe Roudet.
A 23h, la grue peut entamer son ballet de nuit. Chaque caisson est soulevé doucement et sans bruit. « Ils doivent être parfaitement équilibrés et horizontaux », insiste Yves Crochet. Quatre hommes se tiennent aux angles des modules 3D. Equipés de cordes, ils assurent les rotations nécessaires. « Une fois en position sur le bâtiment, deux hommes fixent les modules par le dessous par des boulonnages précis au centimètre près » explique Xavier Jaffray, de l’entreprise Leco, en charge de la fabrication des caissons. Les compagnons procèdent ensuite au serrage des tiges filetées dans les équerres placées aux angles de chaque boîte. Trente minutes plus tard, le module est fixé.
Si la mécanique semblait rôdée en cet avant-dernier soir de mise en œuvre, la pose des premiers éléments fut plus difficile. Leur mise en place a aussi été contrariée par des aléas de transports, de vents (qui ne doivent pas dépasser les 13 m/s), d’équilibrage et de fixations en particulier. « Cette opération est une première en France », rappelle Yves Crochet. Elle sera livrée en avril pour un budget total de 5 millions d’euros HT.
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage : Open Partners et l’art de construire
Preneurs : RIVP
Maîtrise d’œuvre : Pablo Katz (architecte), Dhomino (BET structure modulaire)
Entreprise générale : Artis Construction
Partenaire et fabricant des modules : Leco
Labels et certifications : RT 2012, NF Habitat HQE label Effinergie, certificat Qualiconsult, Cerqual haute qualité thermique et acoustique.