Soutien psychologique des salariés, formation des managers, échanges de bonnes pratiques… Une palette d’actions s’offre aux entreprises pour prévenir les risques psychosociaux.
Stress, harcèlement, violence, souffrance au travail… Aucun secteur n’échappe aux risques psychosociaux (RPS). « Le BTP pas moins que les autres », observe Thierry Joffredo, avocat au cabinet Fidal, en dépit d’une tendance à penser que les salariés évoluant sur les chantiers, loin des bureaux et des open spaces, seraient moins exposés. « Peut-être la pénibilité physique vient-elle faire écran pour les ouvriers du BTP ? », imagine Valérie Langevin, au département expertise et conseil technique de l’INRS (1). A tort, selon Isabelle Burens, chargée de mission à l’Anact (2). « Les entreprises où règne une forte sinistralité préfèrent traiter d’autres risques professionnels. Mais raisonner domaine par domaine ne tient pas compte des situations de travail où le salarié est exposé à plusieurs risques. Stressé, il s’expose par exemple davantage à une chute de hauteur ou un accident de la route. »
Evaluer les risques
Pour l’heure, les démarches de prévention sont surtout le fait de grosses structures. Pour certaines d’entre elles, le plan Darcos de lutte contre le stress, qui intimait aux entreprises de 1 000 salariés d’ouvrir des négociations sur le sujet avant le 1
er
février 2010, n’y est pas étranger. 14 accords ont ainsi été signés dans le BTP entre le 1
er
décembre 2009 et le 30 octobre 2010. « Sauf crise exceptionnelle dans l’entreprise, les plus petites ont tendance à être moins exposées aux RPS », complète Isabelle Burens. De l’avis de plusieurs DRH du BTP, la crise a en outre conduit les entreprises à se centrer sur « d’autres priorités ».
Reste que « le risque psychosocial doit être évalué et consigné dans le document unique le cas échéant, rappelle Maître Joffredo. En cas de sinistre, le juge recherchera si l’employeur avait mené une démarche de prévention ». Un enjeu de taille avec l’inflation des contentieux sur le harcèlement moral et une jurisprudence de la Cour de cassation de plus en plus protectrice des salariés. Pour prévenir les RPS, l’INRS prône une démarche « à la source ». « Identifier ce qui peut être généré par le travail, son organisation, le management, permet de supprimer des causes en amont, éclaire Valérie Langevin. Car il ne faut pas faire porter la responsabilité des dysfonctionnements sur les seuls individus. » Jean-Claude Delgenes, DG du cabinet Technologia, suggère un mode de management plus participatif pour débattre du travail avec les salariés : « Il faut former des chefs d’orchestre pour amener de l’harmonie et renforcer les collectifs de travail. »