Comme dans le quartier de Paris-La Défense, la dalle des années soixante de la Part-Dieu à Lyon, et son enchevêtrement de fonctions superposées, a fait son temps. Sous la houlette des architectes urbanistes de l’AUC, la restructuration du quartier se focalise sur trois enjeux : simplifier, ouvrir et accueillir.
Densifier, animer, mixer et porter la Part-Dieu au rang de quartier d’affaires européen prendra dix, quinze, vingt ans selon la conjoncture. L’ambition de Gérard Collomb, le maire de Lyon, n’est pas limitée dans le temps.
En tout cas, le pli est pris par la communauté urbaine du Grand Lyon comme par les investisseurs et propriétaires fonciers du quartier qui voient là l’incroyable aubaine de rénover leurs immeubles ou d’en construire de nouveaux avec la bénédiction de la collectivité. Les architectes urbanistes de l’AUC (Djamel Klouche, François Decoster et Caroline Poulin) ont bâti ce grand projet urbain prospectif selon quatre axes : un quartier « stimulé », dont le nombre de mètres carrés Shon de bureaux pourrait passer de 880 000 à 1,5 million d’ici à 2030, la taille critique pour prétendre à l’envergure européenne, si le marché le permet. Il s’agit d’attirer des investissements tertiaires, commerciaux et hôteliers, et d’ajouter des logements à un quartier essentiellement doté de bureaux.
Intégrer les projets en cours
Un « sol facile » transformera aussi la structure sur dalle des années soixante, qui privilégiait les accès automobiles et les souterrains, en un secteur accessible relié à la ville par des rues en lieu et place de passerelles, de rampes ou d’escaliers. Le piéton et les transports doux devraient l’emporter sur la voiture. Troisième axe, les urbanistes ont imaginé une « skyline » en écho à la ligne des Alpes à l’horizon : les tours seront plus nombreuses et plus hautes, les grands gestes architecturaux sont évidemment les bienvenus. Enfin, le quartier sera durable par le respect de toutes les contraintes de construction désormais attachées à ce terme, comme par le mélange des fonctions et des populations qu’il devra accueillir.
Loin de la « table rase », les urbanistes, qui travaillent sur des problématiques voisines à Paris-La Défense et à Mériadeck à Bordeaux, ont intégré à leur plan des projets déjà en cours. La gare devrait être agrandie et ouverte sur l’extérieur pour accueillir le doublement de la ligne TGV. Des concours sont déjà lancés pour de nouveaux immeubles.
La mécanique est enclenchée et s’appuiera pour réussir sur des partenariats à inventer : sans l’impulsion de la collectivité, le projet ne pourrait aboutir, mais pour réussir, il a besoin des investissements massifs des partenaires privés qui décideront de participer (ou pas) à cette dynamique. Dirigée par Bernard Badon, la mission Part-Dieu est chargée de mettre en musique les projets et de s’assurer que les centaines de milliers de mètres carrés prévus n’arrivent pas tous en même temps sur un marché tertiaire tout de même limité à 50 000 m
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par an. La révision du plan local d’urbanisme devrait être entamée avant la fin de l’année et se fera en plusieurs phases.