Une villa introvertie avec vue extravertie
La "Villa tranquille", dans l'Hérault, est une habitation à patio qui se referme sur elle-même pour se protéger des vis-à-vis, mais s'ouvre sur la vallée.
JEAN LELONG
De la maison languedocienne traditionnelle, la « Villa tranquille » reprend tous les codes : forme rectangulaire, toits en tuiles à deux pentes, murs en maçonnerie enduits. Mais si ses concepteurs - et propriétaires - ont puisé dans le vocabulaire « de la banalité », ils en ont résolument bouleversé la syntaxe. Leur maison, au cœur d’un village qui domine la vallée de l’Hérault, est dotée de trois murs aveugles. La lumière y pénètre via quatre petits patios intérieurs. Seule la façade nord s’ouvre sur l’extérieur. Percée par un châssis vitré de 4 x 2,10 mètres, sans allège, elle offre une vue saisissante sur la plaine de l’Hérault et les crêtes lointaines du Larzac.
Plusieurs contraintes ont dicté ces choix architecturaux. Le PLU communal imposait des toits en tuile. Il exigeait en outre un retrait de trois mètres par rapport aux limites de la parcelle, ce qui a déterminé une emprise au sol réduite de 16 x 9 mètres. Posée sur le bord d’une colline, à l’aplomb d’un mur de soutènement de cinq mètres, la villa est par ailleurs encastrée entre une maison neuve, une remise aveugle et une rue en surplomb. « Ces vis-à-vis nous obligeaient à nous protéger de trois côtés », commente l’architecte Laurent Fayard. Il a donc été décidé de replier le projet sur lui-même et de placer les espaces extérieurs… à l’intérieur. Le programme est réparti en quatre volumes identiques de 4 x 6 mètres, couvert chacun par une toiture et doté d’une fonctionnalité propre. Ces modules sont alignés deux à deux, en quinconce, et prolongés chacun par un patio de 4 x 3 mètres, soit la moitié d’un module. « Cette répétition d’une même forme, comme dans une composition d’art minimal, permet d’obtenir un effet plastique avec des moyens simples, explique l’architecte Nadine Chambon Fayard. Elle donne sa force au projet. » La même rigueur géométrique s’applique à toutes les échelles de la construction, jusqu’au calepinage des carreaux de sol dont la dimension (1,20 m) a permis une pose quasiment sans recoupe.
Intérieurs extérieurs
L’agencement choisi permet de faire entrer la lumière naturelle dans chaque pièce, via un ou deux patios. Grâce à un alignement des ouvertures intérieures, tous les espaces, jusqu’aux chambres du fond, bénéficient en outre d’une vue sur le paysage, filtrée par une succession de pleins et de vides. « Les patios sont des pièces à part entière, témoigne Laurent Fayard. Nous avons acheté une maison de 80 mètres carrés mais vivons dans 120 mètres carrés. » Côté matériaux, les murs sont en brique monolithe isolée toute hauteur, et coiffés par une charpente bois traditionnelle, avec plafonds rampants. « Nous souhaitions exprimer la contemporanéité autrement que par de grands gestes, souvent stéréotypés, ou par des prouesses techniques, argumente Nadine Chambon Fayard. On peut utiliser les matériaux de la banalité et produire néanmoins quelque chose qui diffère d’une maison de lotissement. »
Retrouvez toute notre série consacrée à la "Maison revisitée"
Maîtrise d’ouvrage : privée. Maîtrise d’œuvre : Artelabo Architecture (Laurent Fayard et Nadine Chambon Fayard), architectes. Gros œuvre, charpente couverture : Alfaro Frères. Surface : 80 m² Shon. Coût des travaux : 230 000 euros HT.
Une villa introvertie avec vue extravertie
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