Réalisation : cette école de voile dompte les vents
L’idée de construire avec le vent se matérialise aux abords de l’école de voile de Carnon-Plage, livrée en janvier à la commune de Mauguio-Carnon (Hérault). Le paysagiste Frédéric-Charles Aillet suit ce parti pour maintenir le bâtiment dessiné par Stéphane Coulaud sous la crête de la dune.
Laurent Miguet
Les lignes enchevêtrées des ganivelles disposées en quinconce reflètent les caprices locaux d’Eole : « Mois après mois, nos mesures anémométriques ont confirmé l’absence de vent dominant », indique Frédéric-Charles Aillet, fondateur de l’agence parisienne de paysage Sempervirens. Les graphes issus de ses études pointent vers les quatre horizons.
Ils posent le défi relevé par les concepteurs de l’école de voile de Carnon-Plage, entre Montpellier et la Grande Motte : comment maintenir l’ouvrage sous la dune, côté plage, pour préserver la vue sur la crête à laquelle tiennent les habitants qui habitent derrière l’autre versant ?
Paravent rustique
La réponse tient dans le filtrage de la force du vent par les ganivelles. Disposées perpendiculairement aux trois directions majeures qui se disputent l’hégémonie des courants d’air sur ce littoral, elles en diminuent suffisamment la force pour ramener les grains de sable vers le sol, sur les 10 000 m2 de l’emprise du projet municipal. La rusticité de ce dispositif permet au projet de rentrer dans une enveloppe étroite de 30 000 euros pour le paysage, sur un total d’1,4 million d’euros HT.
Deux autres dispositions renforcent la sensation du mouvement : l’inflexion des arbres, choisis en pépinière dans ce but, donne à la composition le caractère anémomorphe cher à Frédéric-Charles Aillet, comme il l’avait déjà montré dans la végétalisation de la tour multifonctions de la station balnéaire belge de Knokke-le-Zoute.
Végétaux locaux
A Carnon-Plage, le paysagiste concepteur prolonge cet effet dynamique dans le pavage du parvis : grâce à trois teintes incrustées dans la masse du béton, Eiffage Route a reproduit le dessin des ondulations transmises à l’eau par l’air, et interprétées par le paysagiste concepteur comme un hommage à son confrère brésilien Roberto Burle Marx.
Loin de s’arrêter à la métaphore du vent, la conformité du projet à l’esprit du lieu se retrouve dans le choix des plantes : les prélèvements, dans les dunes alentour, ont fourni le noyau de la palette végétale. Cette option limite les frais d’entretien et donne son supplément d’âme écologique à l’école de voile.
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