Une « boulimie » d’innovations
Sur ce marché porteur, les industriels rivalisent d'imagination.
Stéphane Vigliandi
À Bétheny, dans la Marne, le chimiste BASF et Sto participent à la réalisation de La Clairière : le premier programme collectif passif de 13 logements sociaux conformes aux labels BBC Effinergie et PassivHaus. Mode d'isolation retenu ? L'ITE. L'enveloppe de 30 cm d'épaisseur utilise des panneaux de polystyrène expansible (PSE) de nouvelle génération conçus par BASF. Au PSE, de la graphite a été rajoutée pour absorber et réfléchir les rayons infrarouges. Selon le numéro un mondial de la chimie, il en résulte un pouvoir isolant « supérieur » et une réduction des plaques de 20 % par rapport à un isolant en polystyrène classique. Outre ces isolants graphités, des fabricants s'intéressent aux isolants argentés offrant, eux aussi, un meilleur pouvoir thermique.
Car sous l'influence des RT successives, le mur s'épaissit. « De 25 cm en moyenne voilà dix ans, il atteint 36,5 cm avec le monomur, voire 50 cm pour le bâtiment à énergie positive. En toute logique, les isolants sur enduits suivent le même trend. De 6,5 cm en moyenne avec le PSE au tout début des années 2000, l'offre monte maintenant à 25 cm pour tendre vers une consommation de 50 kWh/m²/an », constate Gérard Fleury, consultant chez TBC.
Des niches prometteuses
Certains, comme Knauf avec Périmaxx, se penchent sur des dispositifs pour assurer l'interface sol-bâti. L'interface des divers éléments en façade ! Justement, c'est un sujet sur lequel le Cstb et des industries connexes réfléchissent depuis quelque temps. Illustration chez K-Line. « Depuis deux ans, le profil de nos fenêtres et le système de pose des occultations par l'intérieur ont été revus pour garantir étanchéité à l'air et performance globale de la façade », explique Jean-Pierre Liebot, directeur marketing.
Pour améliorer la résistance aux chocs en parties basses du bâti, Daw-Caparol qui revendique environ 10 % de CA sur l'Hexagone avec l'ITE vient de recourir à la technologie carbone. « Le cœur du système [enduit mince] est renforcé par des fibres de carbone. La résistance mécanique affichée s'élève à 50 joules (J) contre un seuil réglementaire fixé à 10 J », se félicite Serge Benoit, chef de marché du fabricant de peintures et d'enduits. A priori, l'argument commercial ne devrait pas laisser insensibles les services techniques des bailleurs sociaux notamment. Surtout, avec sa nouvelle solution, le groupe allemand pourrait venir chasser sur les terres de certains opérateurs des vêtures et des bardages.
« Autre piste d'avenir, pour Mathieu Couturier (PPG) : les ITE à fonctionnalité. » Suivant le sillon tracé par le marché des peintures Bâtiment, le secteur commence à voir arriver les nanoparticules dans les enduits minces. Tout aussi prometteurs, mais encore confidentiels, les enduits isolants restent un complément d'isolation. « En raison d'une difficulté à associer un bon coefficient d'isolation à une bonne tenue mécanique », convient Yves Baum (G2M). Quoi qu'il en soit, « d'ici à cinq ans, le marché va s'orienter vers de nouvelles générations d'ITE. Notamment grâce aux matériaux à changement de phase », présume Valéry Tardy, chargée de la communication de Xella Thermopierre.
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