«Un plan Marshall sera nécessaire après le confinement», Pierre-André Comte et Stéphane Vollenweider, architectes

Les deux fondateurs de l’agence niçoise Comte & Vollenweider Architectes espèrent une relance de l’activité grâce aux investissements de l’Etat et des collectivités locales dans les équipements.

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«Un plan Marshall sera nécessaire après le confinement», Pierre-André Comte et Stéphane Vollenweider, architectes
Pierre-André Comte et Stéphane Vollenweider, architectes

Vous construisez actuellement à Nice (Alpes-Maritimes), le gymnase du collège Simone-Veil dans le cadre d’un projet de réhabilitation-extension. Qu’en est-il de ce chantier ?

Pierre-André Comte : « Depuis que le Covid-19 a été identifié, nous n’avons plus mené de réunions sur ce chantier. Nous échangeons avec le département des Alpes-Maritimes pour le garder en activité, même s’il devient très compliqué de s'assurer que les ouvriers ne se croisent pas, ne se touchent pas, ne se parlent pas. Le coordonnateur SPS nous a dit [avant la parution du guide de préconisations de sécurité sanitaire du BTP, NDLR] qu’il fallait que la base de vie soit désinfectée toutes les deux heures, ce qui signifie une personne en plus pour la nettoyer. Il demande aussi de remplir tous les matins une fiche sanitaire pour savoir si les ouvriers se sentent bien ou pas, donc là encore ça nécessite une personne supplémentaire pour les contrôler à l’entrée. Plus le gardiennage du chantier… S’il faut limiter au maximum le nombre de présences sur le site, tout cela ne tourne pas rond. »

Comment envisagez-vous l’après-confinement ?

Stéphane Vollenweider : « Il y a la version optimiste des choses où l’on imagine une période dynamique, avec des prises de décisions rapides là où, avant, on avait tendance à pinailler. Une relance de type plan Marshall devra se faire et j’ai bon espoir qu’elle le soit avec une volonté commune de bâtir les équipements qui manquent. L’autre version, peut-être plus réaliste, considère l’inertie et la difficulté économique des collectivités locales et de l’Etat à donner le souffle nécessaire pour que ça reparte. Combien de temps cela prendra ? Il est très difficile de l’envisager aujourd’hui. Nous, agences d’architecture, devrons être en capacité de répondre à cette demande. Pour cela il existe des emprunts à la Banque publique d’investissement (BPI). Car, à un moment donné, on va devoir avancer des études. »

« Je ne suis pas inquiet pour l’avenir »

Pierre-André Comte : « La situation du jour d’après dépendra du moment où ce jour arrivera. S’il a lieu le 15 avril, on aura vécu un épisode bizarre qui ne laissera probablement et malheureusement pas de traces, parce que ce confinement nous oblige au moins à la réflexion. Si le jour d’après se trouve dans trois mois, ça risque d’être beaucoup plus lourd à tous les niveaux. Mais je ne suis pas inquiet pour l’avenir, il y aura des choses à faire. On a des idées, des moyens, des compétences et des capacités de résilience assez importantes. Après, quelle sera la capacité d’investissement ? J’espère que ce nouveau plan Marshall se fera. »

Pensez-vous que cette période inédite changera quelque chose dans votre pratique ? Si oui, laquelle ?

Stéphane Vollenweider : « Nous n’avons pas le recul nécessaire, mais il y aura forcément un avant et un après. J’ai l’impression qu’on était jusque-là dans une course contre la montre pour la construction des villes. On peut désormais s’interroger sur cette urgence constante et cette production à outrance, en se posant ces questions : pourquoi, pour qui et à quel rythme ? La recherche patiente de l’architecte apprise à école, par exemple sur la façon d’habiter, n’était plus d’actualité ces derniers temps. Elle pourrait le redevenir. »

Pierre-André Comte : « Avec la généralisation de la visioconférence, on se rend compte qu’elle peut être pratique dans bien des cas et éviter de faire l’aller-retour Nice/Paris en avion pour seulement deux heures de réunion. Il y a quelques années, il fallait aménager une salle pour faire une visioconférence. Maintenant, on a tous cette salle dans la poche grâce à notre téléphone portable. Les visites virtuelles de bâtiment pourraient également être utilisées pour certains échanges. Mais l’informatique ne remplacera pas le contact direct avec l’architecture. »

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