
Un Ma(a)stodonte parisien de quarante-six logements
Margaux Darrieus | le 19/12/2012 | Paris, Bâtiment, Logement social, Europe, International
Tout juste livré par l’agence Maast - et pas encore occupé - cet immeuble de quarante-six logements sociaux s’impose comme nouvelle figure de proue d’un site de cinq hectares, remodelé par la Ville et Paris Habitat-OPH, dans le XIXe arrondissement de la capitale.
Lauréats du concours lancé par Paris Habitat-OPH en 2008, les architectes François Marzelle et Isabelle Manescau livrent rue du Maroc (Paris XIXe) un monolithe sculpté, ultime étape du processus de restructuration d’un îlot dense : leur bâtiment s’installe à la place de l’ancienne tour du Maroc, détruite par le bailleur social pour désenclaver le petit square du même nom, étriqué au coeur de ce quartier aménagé dans les années 1970. Bloquant l’accès à l’aire de jeu, la tour vêtuste lui imposait également une ombre portée peu confortable. Pour ne pas reproduire les erreurs du passé, la parcelle de la nouvelle opération est légèrement décalée par rapport à celle de la tour. Accolé au pignon d’un immeuble faubourien formant l’angle ouest de l’îlot, le nouveau bâtiment libère ainsi l’accès au square depuis la rue. Devenu un jardin public spacieux, ce dernier est également desservi par deux nouvelles venelles piétonnes qui slaloment entre les bâtiments prééxistants sur la zone.
A l'abri du manteau
Élevé sur neuf niveaux au-dessus des deux étages de parking sous-terrain, le bâtiment de l'agence Maast prolonge la hauteur de son mitoyen dans une enveloppe plus charnue pour marquer avec force l’articulation entre la rue du Maroc et l’entrée du jardin. Taillé à l’oblique, il se veut un écho à la tour de Flandre qui lui fait face, dont l’allure déconstructiviste est l’oeuvre de l’architecte Pascal Chombart de Lauwe (agence Tectône, 1996). À l’intérieur, le système structurel en béton - noyau central englobant les circulations verticales, dalles et refends perpendiculaires aux façades nord et sud - rend l’aménagement intérieur des logements très flexible : il suffit d'abattre quelques cloisons légères pour modifier les organisations proposées par les architectes. Constituant les façades non porteuses, un mur manteau habille le bâtiment en passant devant les nez de dalles, évitant ainsi les ponts thermiques. Au-dessus d’un rez-de-chaussée en béton, ce manteau incliné de 5° est réalisé en ossature bois du R+1 au R+6. Il est couronné d’une charpente bois traditionnelle englobant les deux derniers niveaux où sa pente atteint 24 °. Comme toutes les "casquettes" cadrant les baies de l’immeuble réalisées en modules de bois préfabriqués, les façades sont couvertes d’un bardage en panneaux d'aluminium grisé. En façade est, un ensemble de balcons filants, sortes de jardins d’hiver installés à l’abri du manteau, seront entièrement couverts de panneaux de verres fixes ou coulissants.
Programme: 46 logements sociaux (28 PLUS, 18 PLS)
Maîtrise d’ouvrage: Paris Habitat-OPH
Maîtrise d’œuvre: Agence Maast (Isabelle Manescau, François Marzelle), architectes. Julien Roman, chef de projet. BET : Franck Boutté (environnement/en phase études), Séchaud et Bossuyt (TCE). Bureau de contrôle : Socotec.
Principales entreprises: Brézillon (entreprise générale et gros-oeuvre), Acieco (panneaux de façade), SCM (charpente bois), PIM (plafond, doublage, cloison), Sagep (courants forts et faibles); RPCS (chauffage, ventilation, désenfumage, plomberie), Verseron et Beaudoin SA (serrurerie), SCM (menuiseries extérieures), Passel-Brézillon (menuiseries intérieures), Recma (revêtements de sols durs), In Déco (revêtements de sols souples), Acieco (revêtements de sols extérieurs), Sevoise (plantations), Koné (ascensoriste), Katm bat (peinture), Le Hir (signalétique).
Calendrier: concours, 2008; chantier, 22 mois; livraison, novembre 2012
Surface: 3 610 m2 Shon
Coût des travaux: 5,75 millions d'euros HT.