Un lycée bioclimatique construit avec le savoir-faire sénégalais
Pour le nouveau lycée français de Dakar, les architectes parisiens de l'agence Terreneuve ont opté pour des bâtiments et des procédés constructifs adaptés aux ressources locales.
Jacques-Franck Degioanni, envoyé spécial à Dakar (Sénégal)
\ 12h19
Jacques-Franck Degioanni, envoyé spécial à Dakar (Sénégal)
Après deux années de chantier, le nouveau lycée français Jean-Mermoz de Dakar (Sénégal) s'installe dans ses nouveaux bâtiments. Conçu par les architectes parisiens de l'agence Terreneuve (Nelly Breton et Olivier Fraisse), associés à Adam Yedid - lauréats du concours de maîtrise d'œuvre en 2006 -, cet ensemble de 17.000 m2 construits accueille 2.400 élèves de quarante nationalités de la maternelle à la terminale, et les enseignants et personnels administratifs nécessaires à son bon fonctionnement. Implantés dans le quartier de Ouakam, le long de la corniche ouest de la presqu'île de Dakar, les nouveaux bâtiments remplacent des constructions modulaires provisoires de... 1994 !
L'équipement rassemble une cité scolaire (de la maternelle au baccalauréat), un pôle administratif et des équipements communs (CDI, restaurant scolaire, salle polyvalente et, à terme, un gymnase et un plateau sportif). Presque enclavé dans son quartier, à l'abri d'un mur d'enceinte, le lycée est quasi invisible depuis l'espace urbain et, avec ses dimensions, il doit regrouper la communauté française en cas de crise.
Tentative réussie d'architecture bioclimatique à l'échelle quasi urbaine, les bâtiments et procédés constructifs mis en œuvre résultent d'une démarche contextuelle approfondie qui repose sur les ressources locales pour développer des solutions adaptées à la réalité du « terrain » et des savoir-faire sénégalais. Une démarche volontariste et partagée, résultat d'un dialogue fructueux entre les architectes et l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), maître d'ouvrage. Une deuxième tranche de travaux verra la construction d'équipements sportifs à l'emplacement des anciens bâtiments préfabriqués. Le chantier, en cours, sera achevé courant 2011.
Extraits du reportage publié dans « Le Moniteur des Tavaux Publics et du Bâtiment » n°5590, daté du 14 janvier 2011, pp. 24-27.
Les savoir-faire locaux testés et sollicités« L'ambition de la simplicité » a guidé les architectes. A l'exception de quelques ouvrages en béton banché, les bâtiments sont réalisés en maçonnerie de blocs béton et planchers poutrelles-hourdis. Les savoir-faire locaux ont également été exploités pour le second œuvre : grilles et garde-corps « tressés » en serrurerie, parvis en pavés de basalte, sols en béton coquillé, peinture sur enduits extérieurs. Un bâtiment laboratoire a permis de tester - in situ, grandeur nature - les menuiseries, peintures, enduits colorés et stores, ainsi que la mise en eau des terrasses et le dimensionnement des chéneaux. « En s'appuyant ainsi sur les ressources et les savoir-faire locaux pour limiter les techniques et produits importés, le projet a cherché un ancrage territorial et environnemental, autant qu'économique et social, expliquent les architectes. Il démontre qu'une offre concurrentielle existe, face à la production immobilière dakaroise faite d'une architecture internationale déconnectée du contexte. »
Fiche techniqueMaîtrise d'ouvrage : AEFE, service immobilier.
Maîtrise d'ouvrage déléguée : lycée Jean-Mermoz de Dakar.
AMO : SCO (Abidjan).
Maîtrise d'œuvre : Terreneuve (Nelly Breton et Olivier Fraisse), architectes mandataires ; Alice Levy-Leblond, chef de projet concours ; Thomas Hus, chef de projet études et chantier ; Adam Yedid, architecte associé.
BET : Architecture et Climat (architectes, BET et économiste), Satoba (structures), Alto ingénierie (fluides et environnement), Getrap (économiste en études).
Consultants : Armelle Claude (paysagiste), Ayda (acousticien), Miquel Mont (plasticien-coloriste).
Programmiste : Polyprogramme.
Bureau de contrôle : SCAT Internationale (Dakar).
Entreprise : Générale d'entreprises (Dakar).
Surfaces : 17.000 m2 HON + 40.000 m2 de surfaces extérieures.
Coût total : 15,70 millions d'euros HT (valeur 2006).