Un jeu d'arcades
Un « bâtiment-bijou », rien de moins ! C'est ce qu'entendaient créer, dans la ZAC du Trapèze Renault de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), les architectes Tom Darmon et Laetitia Antonini pour ces 33 logements sociaux situés au cœur d'un macrolot semé d'autres édifices. Une volonté impulsée par la demande des architectes coordinateurs, Béal & Blanckaert, qui leur avaient suggéré d'imaginer « un objet » qui incarne « la matérialité du béton blanc ».
Pour y parvenir, le volume parallélépipédique initial, légèrement twisté pour éviter, grâce à de petits décrochés, un effet de masse trop imposant, est ceinturé de balcons filants, puis enveloppé d'une vêture d'arcades préfabriquées. « Notre intervention s'est attachée à développer une façade homogène en évitant l'impression d'écrasement et de répétition monotone », précise ainsi Tom Darmon. Le thème de l'arcade, emprunté au vocabulaire classique de l'architecture, se veut ici « une réinterprétation contemporaine du rythme des façades principales des anciennes usines Renault, très présentes dans l'imaginaire collectif du lieu », affirme-t-il.
Combinaisons de trois largeurs. Ces arcades permettent à la fois de créer une seconde peau qui préserve des vis-à-vis et d'abriter les balcons. Mais le thème, volontiers répétitif, échappe ici à la monotonie brutale de la série pour se distinguer par ses variations. L'arcature est formée par l'assemblage in situ de modules préfabriqués partition-nés par une savante combinatoire d'arcades de 60, 90 ou 120 cm de largeur intérieure, supportées par des jambages de 18 cm. Ces modules ont été réalisés en béton immaculé autoplaçant à base de ciment blanc dopé à l'oxyde de titane et de granulats lisses. Ils ont été coulés à plat par l'entreprise de préfabrication S2G, dans des moules en acier thermolaqué afin d'obtenir une peau de parement externe exempte de la moindre aspérité de surface, la face interne étant simplement talochée.
Derrière cette façade, la profondeur des balcons dépend de leur orientation. Plus étroits au nord, ils sont plus larges sur les autres façades où les arcades concourent à filtrer les apports solaires pour les amoindrir à la belle saison. Une façade unificatrice au rythme syncopé, autant inspirée du palais des Doges de Venise que du palais de la Civilisation du travail (Giovanni Guerrini, Ernesto Lapadula et Mario Romano, 1938), dans le quartier de l'Esposizione universale di Roma (EUR) de la capitale italienne. Mais ceci est une autre histoire…
Maîtrise d'ouvrage : BPD Marignan. Maîtrise d'œuvre : Antonini Darmon (architectes). BET : Auris (TCE), Accord Acoustique (acoustique), ATPS (thermique). Entreprise générale : Outarex. Entreprise de préfabrication : S2G Préfabrication. Surface : 2 427 m2 SP. Coût : 4,2 M€ HT.
