Trois questions à... Daniel Tardy, président de la FNTP
DEVIGE-STEWART Thierry
Alors que de nombreuses incertitudes subsistent sur les crédits qui seront accordés à l'Equipement au sein du budget 2003, le Président de la Fédération Nationale des Travaux Publics demande dans un entretien exclusif que le gouvernement "rétablisse l'intégralité des crédits et honore sa signature"
La préparation du budget 2003 s'annonce difficile pour l'Equipement. Que préconisez-vous ?
Si des mesures d'économies sont devenues nécessaires compte tenu de la difficile situation financière du budget de l'Etat, celles-ci doivent être réalisées sur les dépenses de fonctionnement et non sur les investissements de l'Etat (déjà faibles comparés aux dépenses de fonctionnement). On arrive de plus à la quatrième année des Contrats de Plan, année déterminante pour la réalisation des projets.
Qu'en est-il du gel des crédits prévus pour le contrat de Plan ?
Juste un rappel : La mesure républicaine de régulation du budget de l'Etat : 45% des autorisations de programme gelées : 1,2 milliards d'euros de travaux bloqués. Cela correspond à 450 millions d'euros (45% des crédits de l'année) qui grâce au cofinancement des autres signataires des Contrats de Plan, devrait permettre la réalisation de 1200 millions d'euros d'infrastructures de transport (routes, voies ferrées, ports et voies navigables occupant quinze mille emplois à temps plein pendant un an.
Pour un respect des engagements, le gouvernement, doit rétablir l'intégralité des crédits d'infrastructure gelés, et honorer la signature de son prédécesseur dans les Contrats de Plan Etat-Région.
Avez-vous des craintes à ce sujet ?
Effectivement, je nourris des craintes quant à l'avancement des contrats de Plan : L'impact d'une annulation d'autorisations de programme serait grave sur la réalisation des Contrats de Plan 2000-2006 déjà pas très bien partis.
Au total, et avant toute régulation budgétaire, le retard cumulé sur trois ans par rapport à une exécution linéaire des Contrats chaque année, soit 43% au bout de trois ans), atteint 637 millions d'euros, l'équivalent de 7 mois de travaux. Un résultat global qui cache cependant de fortes disparités d'un volet à l'autre. Au lieu de 43%, le taux d'avancement est en effet de 12% pour les chemins de fer
(correspondant essentiellement à des études) et de 9% pour les ports et les voies navigables.
Enfin, même si la croissance est en cause, il faut une réelle ambition de développer et moderniser nos communications si on ne veut pas prendre un risque concernant notre économie.
Ralentir l'investissement c'est risquer de casser le développement de la nouvelle économie par manque d'infrastructures adaptées.
Propos recueillis par Jean-Michel Gradt.