Travaux publics Colas : l'avenir est à l'international
-Si l'exercice 1996 a été marqué par le rachat de la Screg, en France, l'avenir est plus que jamais hors des frontières. -Priorités : Amérique du Nord, Europe centrale et Asie, Océanie, Afrique.
JEAN-MICHEL GRADT
C'est à Budapest qu'Alain Dupont, le président de Colas mais aussi, depuis fin 1996, du pôle routier du groupe Bouygues, avec la reprise de 100 % du capital de la Screg, a choisi de présenter ses résultats 1996. Ils sont stables par rapport à 1995, malgré une baisse moyenne d'activité de 7 % en France, alors que le marché a chuté de 9 %.
Le choix des rives du Danube a valeur symbolique. Car c'est bien l'activité à l'international (41 % du total, en hausse de 10 %) qui a permis de sortir un résultat jugé « satisfaisant » au vu de la conjoncture (voir encadré). En effet, la moindre contribution au bénéfice des filiales françaises (- 50 millions de francs) a été compensée par les performances de leurs homologues étrangères. L'international est donc, plus que jamais, la priorité du groupe.
La Hongrie illustre la méthode Colas. Créée en 1991, Colas Hongrie est aujourd'hui numéro un des travaux publics (1) et ne devrait pas tarder à prendre la place de leader dans le secteur des matériaux de construction. Cette intégration verticale « montre que le coeur de notre métier est bien la route. Et que nous ne venons pas à l'international pour faire des coups mais pour nous implanter durablement », a déclaré Alain Dupont, le 20 mai, à l'issue de la visite du lot « chaussées » de l'autoroute M5 (Budapest-frontière yougoslave). Un chantier mené par ses filiales locales, en sous-traitance du groupement concessionnaire Bouygues-Bau Holding (51 % et 49 %). Prévu pour durer six mois, ce chantier de 100 millions de francs, qui a bénéficié de fortes dotations en matériel de la maison mère, devrait être livré avec 45 jours d'avance.
France : un pallier à - 2 % ou - 4 %
Satisfaction également pour l'activité réalisée aux Etats-Unis et au Canada. Les nouveaux types de contrats d'entretien qui y ont cours (2 000 km de routes à gérer pendant cinq ans dans l'Etat d'Alberta), donnent des idées au groupe. Convaincu que la France ne pourra se tenir « à l'écart du mouvement de transfert du public vers le privé en matière de routes », le groupe table à plus ou moins longue échéance sur la transposition des méthodes anglo-saxonnes, après l'amorce des METP en France, et y voit une clé de la relance de la profession routière.
En France (59 % de l'activité totale en 1996), la principale opération a été la reprise de la Screg à Bouygues, pour 1,4 milliard de francs. L'ex-rivale, tout juste « à l'équilibre en 1996 », ne sera consolidée dans les comptes qu'en 1997. « La Screg va conserver ses activités en Belgique. Mais désormais, elle se concentrera uniquement sur la France », a prévenu Alain Dupont.
Pour 1997, une nouvelle baisse du marché, comprise entre 2 % et 4 %, est attendue. Cependant la récession trouverait là son étiage. C'est donc plutôt dans l'amont de la filière, où Colas estime avoir un retard à rattraper, qu'une éventuelle opération de croissance externe pourrait avoir lieu. La reprise des 80 carrières de Redland France ? « Je ne suis pas prêt à payer 2 milliards pour saisir cette opportunité », a répondu au «Moniteur» Alain Dupont.
GRAPHIQUE : Chiffre d'affaires par nature d'activités
COLAS : 80% D'ACTIVITE DANS LA ROUTE
LES CHIFFRES CLES
Chiffre d'affaires 1996 : 19,354 milliards de francs (19,240 milliards en 1995).
Résultat net consolidé : 400 millions de francs (390 millions en 1995), dont participation dans Cofiroute : 110 millions (stable).
Frais pour restructuration : 70 millions.
Activité à l'export : 9 milliards.
Filiales consolidées : 360 (sans compter les 90 carrières).
Prévisions de chiffre d'affaires 1997 : plus de 25 milliards de francs.
Si l'intégration carrières-granulats enrobés et travaux routiers reste le coeur de cible de Colas, des niches, comme les gazoducs, offrent aussi de bonnes perspectives de croissance.
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