TRAVAUX LIES A L'EAU Assainissement et canalisations
Jean-Michel Gradt, Guillaume Delacroix, Bertrand Escolin, Véronique Moncel, Laurent Miguet, Bernard Reinteau | le 18/04/1997 | Environnement, Collectivités locales, Travail, Conjoncture, France
Sommaire du dossier
Le marché de l'eau en France est dominé par la Générale des eaux et la Lyonnaise des eaux. Mais, en reprenant 80 % de la Cise au groupe Saint-Gobain pour 2,16 milliards, la Saur, que préside Martin Bouygues, conforte sa troisième place, avec 8 milliards de francs (voir encadré).
L'adoption du VIIe programme des agences de l'eau (voir «Le Moniteur du 14 février, p. 25), doté de 105 milliards de francs entre 1997 et 2001 contre 92 milliards lors du VIe programme, devrait soutenir l'activité. « Mais je note que les agences accroissent leur part de subvention. Elles proposent même des prêts à taux zéro aux collectivités locales. Dans un sens, c'est un bien, mais cela va aussi réduire le nombre d'opérations à financer », explique Patrick Bernasconi, le président de Canalisateurs de France. Ses adhérents, qui représentent 75 % de la profession, ont vu leur activité chuter de 900 millions de francs entre 1995 et 1996, pour atteindre 15 milliards. Les canalisateurs aimeraient croire à un rééquilibrage au profit des réseaux. Mais le constat prendra deux ans. Et la guerre des prix fait rage : de 20 % à 40 % l'an dernier selon les départements ! Conséquence : la plupart des entreprises du secteur sont dans le rouge et en sureffectif.
Les filiales de GTM-Construction (Sgad, centre Tetra GTM, Blondet et Canaly, TPC et Centre Canalisations) entrevoient ce timide rééquilibrage. 240 millions cette année en canalisations (contre 222,5 millions en 1996). Mais le recul du génie civil lié aux stations d'épuration l'annule : 150 millions prévus contre 176 millions l'an dernier. Pour Gérard Hussenet, le président du Sniter (1), « le chiffre d'affaires de 1996 sera en retrait par rapport à celui de 1995. Et 1997 s'annonce difficile, avec en toile de fond une concurrence très sévère ». Toutefois, selon le Bipe (Bureau d'information et de prévisions économiques), 71 % des collectivités locales ont déclaré accorder une priorité à l'assainissement pour la période 1996-2001. Cette année, les contrats de Bourg-en-Bresse, Megève, Laval, Lorient et Flers devraient être attribués. Et, en Ile-de-France, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) continue d'offrir des programmes exceptionnels, comme le doublement de la station de Valenton, attribué à Degrémont l'an dernier, ou le programme eaux pluviales. « Les mégacontrats comme celui de Colombes (2 milliards), à parité entre Degrémont et OTV, sont derrière nous », constate le P-DG de Degrémont, Olivier Kreiss. Reste que, les leaders, OTV et Degrémont, ont la solution de l'export.
Toutefois, l'assainissement n'est pas tout. GDF (400 km de nouvelles grandes canalisations mises en service en 1996) va augmenter ses investissements d'ici à l'an 2000 pour développer son réseau de transport et de distribution (5,9 milliards de francs en 1996). Outre le remplacement des conduites en fonte (3 000 km par an) et la création des artères du Midi et des Hauts-de-France (2 milliards de francs), ce sont 200 communes qui sont reliées chaque année aux grandes « artères » du réseau de transport.
(1) Le Syndicat national des industries du traitement des eaux résiduaires regroupe les 27 entreprises qui construisent les stations d'épuration.
POUR INFO :
CHIFFRE D'AFFAIRES : 20,164 milliards de francs (- 3,8 %).
NOMBRE D'ENTREPRISES : 800 dont 350 adhérentes aux Canalisateurs de France, et 27 au Sniter.
EFFECTIFS : 50 000 salariés dont 26 000 dans les canalisations.
TENDANCE 1997 : stable pour les canalisations, à la baisse pour les stations.
PHOTO : 71% des collectivités locales accordent une priorité à l'assainissement d'ici l'an 2001. Pour une large part, les travaux concernent la réhabilitation.
DESSIN
CARTE : Gaz de France accroît considérablement ses investissements sur son réseau de transport et de distribution. Alors que l'artère du Midi va être livrée cette année, les travaux démarrent sur l'artère des Hauts-de-France, entre Gournay et Dunkerque. C'est également de Dunkerque que Gaz de France va faire partir un gazoduc de 300 km destiné à alimenter l'Italie, via Bâle.
Le secteur eau-assainissement totalisait, en 1995, 11,5 % des 55 milliards de francs réalisés à l'export par les entreprises françaises.
Générale des eaux : 42,4 milliards de francs, dont 26 % à l'international. Sur 55 millions de consommateurs, 30 millions sont à l'étranger.
Lyonnaise des eaux : 24,6 milliards de francs dont 14,8 milliards en France ( + 8 %) et 9,8 milliards ( + 16 %) à l'international. Le groupe sert 60 millions de clients à l'étranger.
Saur-Cise : 7,3 milliards de francs dans l'eau et les travaux hydrauliques dont 3,089 milliards à l'international. Le nouvel ensemble sert 15,3 millions d'habitants à l'international, essentiellement en Afrique.