Transition numérique et relance verte : l’heure est à l'application des bonnes idées
Il y a urgence que les industries du BTP intègrent les technologies à leurs modèles. Seule une transition numérique efficace et immédiate renforcera une filière fragilisée et soutiendra une relance verte plus que jamais nécessaire.
Matthieu Walckenaer, directeur général France de PlanRadar
\ 11h31
Matthieu Walckenaer, directeur général France de PlanRadar
Pénurie des matières premières, chantiers à l’arrêt, hausse des prix… Les industries du BTP essuient depuis plus d’un an un enchaînement de crises qui pèsent sur la productivité du secteur, déjà en retard par rapport aux autres industries, et qui menacent sa contribution aux transitions à l’œuvre.
Le BTP est pourtant l’un des piliers de la relance verte que le gouvernement souhaite accélérer avec des mesures et une réglementation de plus en plus coercitive, à l’image des obligations autour de la rénovation énergétique des bâtiments ou du décret tertiaire.
Ce dernier exemple illustre d’ailleurs parfaitement le conflit qui se crée entre la nécessité d’accélérer la transition et l’inertie structurelle d’une partie de la filière du BTP face à la numérisation de son ADN. Déclaré inapplicable faute de maturité suffisante du secteur, le décret a été suspendu pour laisser à la filière douze mois supplémentaires pour procéder à sa modernisation.
Douze mois à l’échelle d’une entreprise, cela peut sembler court. A l’échelle d’un pan entier de l’économie d’un pays, c’est une broutille. Or, la digitalisation dans l’industrie du BTP est nécessaire pour répondre à la fois aux enjeux de productivité du secteur et aux objectifs de réduction de son impact carbone.
Le secteur de l’industrie et de la construction n’arrive pas à quitter la 2ème place du classement des secteurs les plus émetteurs en carbone - après le transport. Il est pourtant encore temps de réagir et de mettre en place des actions pérennes via des investissements massifs pour encourager les acteurs des industries du BTP à adopter plus rapidement les outils nécessaires pour rendre le secteur plus vertueux.
Des logiciels de gestion pour réduire les impacts négatifs
Favoriser la diminution de l’impact carbone d’un bâtiment revient à prendre en considération l’ensemble des émissions sur tout son cycle de vie, ce qui comprend la phase de construction, d’exploitation et de démolition. En permettant la création et le stockage d’informations du suivi des consommations en temps réel, en répertoriant le type de matériaux utilisés, les logiciels de gestion de projet offrent un outil très efficace pour réduire les impacts négatifs sur toute la chaîne de valeur.
Au niveau mondial, l’industrie de la construction utilise chaque année environ trois milliards de tonnes de ressources naturelles pour fabriquer des matériaux de construction. A l’heure d’efforts conséquents pour plus de sobriété dans les consommables, il est inconcevable que jusqu’à 30 % de ces ressources soient perdues dans le remaniement des projets, les surestimations, les erreurs et les imprécisions. Ce gaspillage n’est pas une fatalité ; il peut être facilement limité par une gestion de chantier pilotée numériquement via des outils opérationnels, efficaces et spécifiques.
Une meilleure collaboration entre les différents corps et experts d’un projet réduit également les sources de pertes. Une gestion optimisée grâce aux outils numériques de toute la chaîne d’approvisionnement, des architectes aux ingénieurs en passant par les artisans et les développeurs, contribue à réduire de nombreux déplacements – et donc l’impact carbone, et améliore la productivité grâce à un suivi minutieux de chaque tâche à distance. Les industries du bâtiment ne sont pas à l’écart du travail à distance ; elles ne sont pas à l’écart des technologies qui le facilitent.
S'approprier les outils
La prise en compte de l’ensemble du cycle de vie du projet et l’adoption d’outils numériques doivent pouvoir limiter les processus de construction à forte intensité carbonique et fournir des pistes claires pour une gestion durable des structures. Puisque la France s’est engagée à réduire ses émissions annuelles de carbone de 30 % d’ici 2030, il est crucial que l’industrie de la construction œuvre à combler l’écart entre la modélisation et sa mise en œuvre, afin que la reprise verte de la France endosse le rôle qu’elle mérite.
L’appropriation des outils numériques est donc la clé de la reprise écologique des bâtiments mais elle ne pourra se faire sans un investissement et un accompagnement de la part des pouvoirs publics. L’aide au financement, quand il est possible, est indispensable aux industries du BTP pour orienter les investissements vers des équipements adaptés, opérationnels, rationnels.
Il ne faut toutefois pas oublier les formations et la pédagogie pour inciter chacun à adopter ces équipements : l’inertie des hommes face à l’évolution des modèles reste un frein puissant, que seul un accompagnement sur le terrain saura lever.
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