Thierry Luce, groupe Lorillard : « Une forte demande à attendre sur la menuiserie bois »
Malgré la pandémie, le groupe Lorillard maintient le cap et poursuit les investissements programmés sur cinq ans. Son président, Thierry Luce, table sur une croissance de 12 % minimum cette année par rapport à 2019 et mise sur une hausse des demandes en menuiseries bois. Il nous explique pourquoi.
Véronique Cottier
Comment se porte le groupe Lorillard après cette année hors norme et où en sont vos projets de développement ?
Le projet pour la période 2020-2025 présenté aux actionnaires (NDLR : fin 2019, avant la crise sanitaire) suit son cours. Ce plan important prévoit 32 M€ d’investissements, hors acquisitions extérieures, mais vraiment sur notre outil industriel : trois fois 7 M€ pour 2020-2021-2022 et environ 11 M€ pour les deux années suivantes. Malgré la Covid, nous n’avons pas freiné ces investissements. J’avais posé la question aux actionnaires fin avril l’année dernière pour leur demander si l'on continuait ou s’il fallait réduire un peu la voilure. Ils m’ont encouragé à continuer, donc nous avons réellement réalisé un peu plus de 7 M€ d’investissements en 2020 dans nos usines.
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Nous sommes en cours pour 2021 sur un montant à peu près équivalent et nous allons commencer à préparer 2022, car lorsqu’on investit dans nos outils industriels, il y a un certaine inertie entre le moment où l’on signe avec un fournisseur de machine et le moment où la machine arrive dans l’usine.
Globalement, la reprise est bonne, car nous réalisons 85 % de notre chiffre d’affaires sur la rénovation, beaucoup moins impactée que le neuf. Le groupe est parti pour faire entre 195 et 200 M€ cette année, ce qui était mon objectif lorsque j’ai présenté mon plan à cinq ans.
Le groupe Lorillard a également investi en rachetant des sociétés qui sont venues compléter ou renforcer ses activités ?
En parallèle, nous avons effectivement poursuivi notre croissance externe engagée depuis 2015. Après HP Fermetures et Menuiseries en 2019, nous avons accueilli le 4 janvier dernier la menuiserie Meslin. L’intégration était prévue fin août 2020, mais a été décalée du fait de la situation sanitaire. Ce petit nouveau, qui a réalisé 7,5 M€ de chiffre d’affaires sur 12 mois glissants et emploie 48 salariés, est spécialisé dans la menuiserie bois haut de gamme et fait aussi de la production de menuiseries aluminium avec les produits Technal, une société que je connais bien pour en avoir assuré la direction générale il y a quelques années.
Depuis quatre ans vos investissements marquent une accélération sur le bois ?
Nous avons effectivement cette volonté. À l’origine, nous n’avions qu’un outil de production bois sur le territoire, l’atelier historique de Chartres, même si on l’a modernisé. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec quatre outils de production en bois : Molenat, dont nous avons doublé la production bois depuis le mois de septembre l’année dernière en modernisant les outils ; Bourneuf, que l’on a racheté et qui aussi dans la menuiserie bois, avec de belles réalisations comme l’hôtel Ritz ou le Crillon à Paris, toujours des chantiers en fourniture et pose. Il nous manquait une activité moyen-haut de gamme pour faire de la distribution, du BtoB. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés à Meslin, car 100% de son activité est sur la distribution auprès des artisans avec un véritable savoir-faire qui nous permettait d’approfondir et d’élargir notre offre produit puisque nous sommes capables de répondre à toutes les demandes des artisans.
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À titre d’exemple, lors d’une visite récente, j’ai vu un beau châssis à guillotine automatisé, ce sont des produits qui n’existent pas sur le marché aujourd’hui et qu’il faut savoir concevoir et réaliser pour répondre aux demandes spécifiques de certains clients.
Pourquoi renforcer les menuiseries bois, qui ne représentent pas une grosse part du marché global ?
Nous sentons une forte demande sur ce type de produits, notamment sur tout ce qui est menuiseries un peu atypique. Nous souhaitons aussi redonner ses lettres de noblesse à la menuiserie bois. Un des freins étant l’entretien, nous avons investi dans des cabines de laquage qui permettent de garantir 10 ans la finition bois sur nos menuiseries. Cela a redonné un vrai élan. Ces investissements et ces acquisitions sur le bois sont aussi une façon pour le groupe Lorillard de préparer toute la législation à venir dans le cadre de la RE2020 et le développement des marchés bio-sourcés dans le futur. De plus, le bois revient également en part plus importante sur le neuf. Sur les marchés publics, nous avons observé que certaines villes ayant élu à leur tête des maires écologistes demandent l’intégration
du bois dans les projets. Je pense à Lyon ou à Saint-Nazaire, où certains chantiers PVC ont été remplacés par des chantiers bois. Sur certaines typologies de chantiers, si les promoteurs proposent des projets avec PVC, on leur demande de redéposer un permis de construire avec du bois, ou à la rigueur du mixte bois-alu que nous fabriquons également, où cela ne passe pas... Nous sommes prêts pour cette nouvelle donne.
Thierry Luce, groupe Lorillard : « Une forte demande à attendre sur la menuiserie bois »
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