Surélévation : Les petites maisons sur le toit
Trente-trois logements ont été posés au-dessus de trois barres d'immeubles à Poissy, grâce à un recours poussé à la préfabrication.
Stéphanie Obadia
A quelques centaines de mètres de la villa Savoye, dans le quartier Beauregard à Poissy (Yvelines), l'opération de réhabilitation de logements et de surélévation des immeubles Blanche de Castille, Foucault et Ronsard ne passe pas inaperçue. Les maisonnettes posées sur les toits de trois barres d'immeubles, construites en 1957 par l'architecte Charles-Gustave Stoskopf pour héberger les ouvriers de l'usine Simca, donnent à l'ensemble une allure résolument contemporaine. Vieillissantes, ces barres de 180 logements étaient de véritables passoires thermiques avec leur consommation entre 200 et 280 kWh/m2 .an.
Outre l'isolation par l'extérieur, la rénovation des logements, l'installation d'ascenseurs et de balcons rapportés de 6 m2 pour chaque appartement, le cabinet d'architectes Virtuel a proposé de surélever les immeubles et d'y ajouter 33 logements. « Lorsque l'on propose une réhabilitation, il faut parfois changer l'image globale de la résidence, explique Laurent Pillaud, l'architecte. Ajouter des éléments au-dessus et sur le côté modifie complètement la perception des immeubles. Les balcons et les débords des maisons apportent un nouvel aplomb et donc une nouvelle silhouette des bâtiments. » Une proposition qui ne déplaît ni au bailleur social Vilogia, qui peut ainsi améliorer la rentabilité du foncier et répondre à la rareté du logement en Ile-de-France ; ni aux habitants, un peu las des travaux, certes, mais surpris de voir des « baraques là-haut », « des chalets sur le toit »…
Des modules prêts à l'emploi
La spécificité de ce projet réside dans la préfabrication en usine de modules en bois entièrement finis. Cette technique s'est imposée à l'architecte. « Elle répond à la fois aux exigences de légèreté de la structure et de rapidité de l'opération, mais elle présente surtout l'avantage d'assurer un chantier sans poussières, limitant les nuisances pour les habitants », poursuit Laurent Pillaud.
Ainsi, de novembre 2016 à mai 2017, les locataires ont pu assister au ballet aérien d'une centaine de modules préfabriqués en 3D. Les unités totalement équipées, des sanitaires jusqu'aux prises électriques, ont été acheminées par camion depuis l'usine CMB à Mauléon (Deux-Sèvres), puis montées progressivement une fois le support préparé.
Bien orchestrée et cadencée, la pose a finalement nécessité la présence de seulement six salariés de CMB lors du levage, et de trois le reste du temps. Ces maisons, dont la consommation est estimée à 70 kWh/m2 .an en énergie primaire (objectif RT 2012), sont équipées d'éclairages à basse consommation, d'une ventilation mécanique contrôlée (VMC) hygro B particulièrement économe, d'un ballon d'eau chaude sanitaire (ECS) thermodynamique et d'une isolation en laine de roche.
Initialement prévue pour septembre 2017, la livraison est repoussée à avril 2018. En cause : un problème d'humidité des habitations existantes qui a dû être résolu, mais surtout à une préparation du support plus délicate que prévu. Près de deux ans de travaux pour un résultat qui fera sans doute beaucoup lever les yeux des habitants et des visiteurs.
Maître d'ouvrage : Vilogia. Maître d'œuvre : Virtuel Architectes, mandataire, BET ETHA. Entreprises : GTM Bâtiment (entreprise générale), CMB (modules bois). Coût : 9,6 millions d'euros HT.
Calendrier des travaux : de mai 2O16 à avril 2O18.
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