Sur l’île de Nantes, le lycée Nelson-Mandela joue la mixité
Lancé en janvier 2013, le lycée de l’île de Nantes a été inauguré vendredi 5 septembre. Conçu par l’architecte François Leclercq, ce lycée Bepos de 1600 élèves devrait porter le nom de Nelson Mandela. Un beau symbole pour un établissement à vocation internationale qui se caractérise techniquement par une mixité exemplaire des matériaux (bois-béton-acier).
Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur)
\ 11h22
Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur)
Elément phare du grand projet urbain de l’île de Nantes, le concours d’architecture avait mobilisé 120 équipes du monde entier. Sur les cinq agences finalistes - DPA (Dominique Perrault Architecture, Paris), GPAA (Gaëlle Péneau Architecte et Associés, Nantes), Asymptote Architecture (New York), Sanaa Ltd (Tokyo)-AIA Associés (Nantes), et l’agence François Leclercq (Paris) -, c’est cette dernière qui a été retenue avec un projet en structure bois très compact visant le niveau Bepos (bâtiment à énergie positive) en jouant sur l’effet tampon d’une longue halle vitrée.
Long de 254 m, le bâtiment est en effet structuré autour d’une rue intérieure habillée de façades acoustiques en chêne et éclairée par une verrière ventilée de 2 400 m2. Vaste forum et lieu de rencontre, cette halle fédère tous les éléments du programme et toutes les distributions à l’ouest, le pôle d’enseignement au centre et deux gymnases à l’est.
« La mitoyenneté des différents pôles permet une économie de façades froides », détaille l’architecte François Leclercq. Quasi imposée par des contraintes de sols pollués, cette organisation tout en longueur permet aussi une mutualisation des équipements hors temps scolaire (résidence, cantine, gymnase…), à l’image de l’amphithéâtre de 250 places jouxtant le bâtiment-halle qui accueillera notamment les répétitions de l’Orchestre national des Pays de la Loire (ONPL).
Conception bioclimatique
L’orientation nord-sud de ce long bâtiment très compact offre une efficience bioclimatique optimum. Grâce à une bonne isolation et une étanchéité facilitée par la préfabrication des façades, le bâtiment vise une consommation énergétique de 29,7 kWhep/m2.an. Sur le versant sud, 2 000 m2 de panneaux photovoltaïques viendront produire 30,7 kWhep/m2.an, ce qui rendra le bâtiment Bepos. Mais l’originalité tient dans la verrière de 2 400 m2 qui couvre la rue intérieure sur 215 m. Elle a été réalisée par Marchegay Technologies, un fabricant vendéen de serres désormais spécialisé dans les bâtiments vitrés bioclimatiques.
Structure allégée
Cet établissement est le plus grand lycée à ossature bois de France en zone sismique 3. Une contrainte apparue en cours d’études avec la publication, en mai 2011, de la nouvelle carte sismique. « Nantes est passée d’une sismicité négligeable, ce qui veut dire sans incidence sur la conception, à une zone de sismicité modérée, ce qui impose d’appliquer les normes parasismiques de l’Eurocode 8 », explique Pierre Conil, directeur du service géologique régional au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières).
« Pour répondre aux contraintes sismiques, nous avons allégé et contreventé astucieusement le bâtiment via les dalles mixtes », explique Laurent Rossez, vice-président AIA Ingénierie (ICM Structure). Un principe : « Le bon matériau au bon endroit. » Une ossature béton a été utilisée de façon classique pour l’internat (porteurs de contreventement sismique plus resserrés). Pour l’enseignement et les gymnases, avec des porteurs plus écartés et une structure bois apparente, l’ensemble a été rigidifié sur les cages d’escalier tous les 40 m via les dalles minces bois-béton justifiées en acoustique, stabilité au feu et résistance au séisme. Pour ce plancher, une dalle béton de seulement 12 cm d’épaisseur a été nécessaire mais, surtout, son fond de coffrage en bois perforé (acoustique et décoratif) a permis de réduire d’environ 40 % les plaques de plâtre dans les salles de classe. « Au total, l’ouvrage est 45 % moins lourd que des solutions classiques », précise Laurent Rossez.
Le surcoût dû à la nouvelle réglementation parasismique est évalué entre 6 à 7 % du projet. Un montant rendu acceptable par la sobriété de ce bâtiment Bepos et sa modularité. « Quel que soit le cloisonnement, les salles ne seront jamais grevées par un poteau », assure François Leclercq.
Un chantier de 20 mois
« L’ordre de service a été lancé le 5 octobre 2012, les travaux ont démarré en janvier 2013 et le lycée et la salle polyvalente seront livrés fin juin 2014 pour ouvrir à la rentrée. Pour tenir ces délais serrés, mais aussi en raison de la complexité de l’opération (nature du sol, bâtiment Bepos…) nous avons opté pour un marché en entreprise générale » explique Patrick Forget, chef de projet à la direction du patrimoine immobilier du Conseil régional des Pays de la Loire.
Cette contrainte a été intégrée dès la conception. « Le bâtiment est calé sur une trame structurelle de 5,60 mètres » explique Anne Carcelen, architecte. « Trois modules différents suffisent à constituer l’ensemble du bâtiment : les gymnases, les pôles d’enseignements et l’internat. Ces principes, basés sur une industrialisation en amont, ont permis de tenir les délais tout en ayant un chantier propre.
Fiche techniqueMaîtrise d’ouvrage : Conseil régional des Pays de la Loire.
Maîtrise d’œuvre : François Leclercq (architecte), Setec (BET), ICM Structure (BET structures mixtes), Avel (acousticien), D’Ici là (paysagiste), Mazet (économiste).
Entreprises : Sogea Atlantique-ETPO, Caillaud Lamellé-Collé (Arbonis), Botte Fondations, Marchegay Technologies, Cegelec.
Surface plancher : 25 000 m2.
Capacité d’accueil : 1 600 élèves.
Budget : 75,5 millions d’euros TTC, dont 44,8 millions HT de travaux valeur 2010.
Concertation pour de nouveaux lycées« Près de 13000 nouveaux lycéens seront accueillis en Pays de la Loire à l’horizon 2025 » a indique Jacques Auxiette, président de la Région des Pays de la Loire, qui a annoncé cet été l’organisation d’une vaste concertation afin de recueillir l’avis de la communauté éducative régionale. Il a donc décidé de remettre en place la commission consultative d’aménagement du réseau des lycées qui avait permis l’élaboration des projets de Clisson, Pornic, Beaupréau et Carquefou.
Trois rencontres sur les territoires concernés seront organisées d’ici la fin de l’année (Savenay/Pontchâteau, Blain/Nort-sur-Erdre, Vendée ouest/La Roche-sur-Yon) par Christophe Clergeau, 1er vice-président et Matthieu Orphelin, vice-président en charge de l’éducation.
Les conclusions de leurs travaux seront connues début 2015 et la Région prendra les décisions qui permettront d’engager ensuite les démarches nécessaires à la création de nouvelles places, que ce soit par extension d’établissements existants ou par la construction de nouveaux.
Sur l’île de Nantes, le lycée Nelson-Mandela joue la mixité
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