Strasbourg, première ville française à produire du biométhane à partir de ses eaux usées
Opérationnel dès le deuxième trimestre 2015, le dispositif prévoit la valorisation du biogaz produit à partir des eaux usées en un biométhane de haute qualité. Une première en France, issue de la mobilisation d’acteurs publics et privés.
Paul Falzon (Bureau de Strasbourg du Moniteur)
Une énergie 100% renouvelable, locale et issue de la récupération : le projet strasbourgeois de production de biométhane à partir d’eaux usées, baptisé Biovalsan, a tout pour séduire à l’heure où la transition énergétique s’impose comme priorité politique. Après deux ans d’études et de conception, le projet est entré en phase opérationnelle avec la pose, mardi 2 septembre, de la première pierre de l’unité de traitement dédiée au sein de la station d’épuration de Strasbourg –La Wantzenau. La mise en service est prévue pour le deuxième trimestre 2015, avec une capacité de production estimée à 1,6 millions m3 de gaz vert par an, soit l’équivalent de la consommation de 4000 à 5000 logements BBC. Strasbourg deviendra alors la première ville de France qui injectera du biométhane issu de station d’épuration dans son réseau de gaz naturel. Le projet est porté par la société d’économie mixte Réseau GDS, opérateur local du réseau de distribution de gaz naturel, en partenariat avec La Lyonnaise des Eaux Grand Est, exploitant de la centrale d’épuration de la Wantzenau, et avec la société Degrémont, spécialiste du traitement des eaux usées.
La station d’épuration de Strasbourg –La Wantzenau produit déjà quelque 2 millions de m3 de biogaz par an : la future unité de traitement permettra en fait d’obtenir un biométhane de haute qualité en extrayant le CO² présent à hauteur de 35% dans le biogaz, grâce à un procédé à membranes haute sélectivité. Le biométhane ainsi produit sera pur à hauteur de 97 ou 98%, au-dessus du seuil imposé par le Réseau GDS (96,5%).
Si la production de biométhane à partir d’eaux usées n’est pas une première en Europe, le projet Biovalsan présente plusieurs caractéristiques originales. La plus innovante est le lancement d’une démarche d’analyse du risque sanitaire pour l’usager final, menée par les laboratoires SGS Multilab et Eurofins Expertises Environnementales, qui va permettre d’établir les teneurs à ne pas dépasser pour un certain nombre de constituants physico-chimiques et microbiologiques. Une étude de valorisation du CO2 issu du biogaz a également été conduite, mais doit encore faire connaître ses conclusions. Ce volet recherche a permis au projet Biovalsan de recevoir le soutien de l’Union européenne via le programme Life+, à hauteur de 2,3 M€, sur un investissement total d’environ 6,3 M€.
Au plan politique, le projet Biovalsan concrétise le volet Energies Renouvelables du Pôle de l’énergie publique de Strasbourg lancé en juillet 2013 par le maire Roland Ries. Au coeur de la démarche, cette conviction rappelée par le président du Réseau GDS Olivier Bitz : « La transition énergétique sera locale ou ne sera pas ». L’injection de biométhane issu de la station d’épuration propose une équation énergétique inégalée, soulignent encore les promoteurs du projet : elle valorise une ressource inépuisable, celle des eaux usées, ne nécessite aucun véhicule de transport contrairement à la biomasse et ne souffre d’aucune perte en ligne. Le biométhane produit à la centrale de Strasbourg – La Wantzenau permettra d’atteindre un taux de retour énergétique de 99%, contre 32% environ pour les valorisations classiques du biogaz (électricité, chaleur).
Des réflexions sont en cours pour élargir, à terme, le périmètre du projet Biovalsan, et créer autour de cet outil une filière régionale de traitement des boues, notamment celles issues de l’industrie agro-alimentaires, dans une logique de circuit court.
Strasbourg, première ville française à produire du biométhane à partir de ses eaux usées
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