Stop AND go...
Télé, radios, unes de magazine, expositions. Les projets vus et revus, montrés, commentés, exagérés. semblent déjà faire partie du paysage. Pourtant, même en cherchant bien, nulle trace à Paris des tours Signal, Phare ou Triangle. EuromedCenter à Marseille demeure un projet assez flou dont le nom proche de celui de l'Etablissement public, Euroméditerranée, favorise les amalgames. A Marseille, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a enfin posé la première pierre du Muem, le musée de la méditerranée attribué à Rudy Riciotti en 2004 pour une ouverture prévue en 2008. L'historiographie architecturale est pleine de ces gestations interrompues et les archives des agences débordent de projets gagnés mais jamais construits. Ce qui est nouveau, c'est que ces renoncements concernent des bâtiments lancés comme des stars de la chanson ou un nouveau modèle de voiture censé exister bien avant le premier coup de pioche. La force des images et le marketing organisé autour des visions de bâtiments spectaculaires et innovants les fait naître trop tôt. L'indifférence dans laquelle ils meurent parfois, avant même d'avoir vécu, est à la hauteur du buzz suscité lors de leur conception. Certains ne seront peut-être jamais construits. Ils auront existé néanmoins, comme la Tour sans fin dont l'histoire se répétera peut-être aux dépens de l'architecte Jean Nouvel et de son nouveau projet à la Défense, Signal. Les échecs, les retards et les « stop and go » récents prennent tous pour prétexte la crise financière puis économique qui frappe depuis le premier semestre 2007. Cet événement mondial contient tous les prétextes nécessaires à justifier l'arrêt de projets. Réticence des banques à financer, incertitudes du marché, cet inconnu capricieux, coûts de construction trop élevés. Ces raisons sont excellentes, mais n'expliquent pas tout. Si l'argent manque souvent, la volonté ou la cohérence politique devraient aussi endosser une grande part de la responsabilité des fiascos alors même que la classe politique est la première à réclamer des œuvres spectaculaires et surtout visibles de loin, par les autres villes ou les autres pays. Les montages juridiques et administratifs de plus en plus complexes sont également à blâmer car ils s'accompagnent de volumineux dossiers juridiques extrêmement longs à négocier. Deux, trois, dix ans plus tard les acteurs d'un projet ont-il encore le souffle ? Quid d'un dessin de 2000 prêt pour 2013 ? démodé, inadapté, obsolète avant même d'être construit. Quid aussi de la survie des agences soumises à l'accordéonisme de la commande ? Revue de quelques exemples célèbres.
CATHERINE SABBAH
L'hôpital Laennec
Il ne se passe toujours rien du [...]
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