Soprema parie sur la ouate de cellulose
Laurent Miguet | le 08/10/2010 | Second œuvre, Produits et matériels, Vaucluse, Europe, Eure
Le leader mondial de l'étanchéité ouvre en Gironde une usine de production d'isolants de ouate de cellulose pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l'industrie pétrochimique.
A Cestas, près de Bordeaux, un accord sur l'approvisionnement de vieux journaux, scellé avec le quotidien régional « Sud-Ouest », a permis à la société française Soprema de mettre en service en janvier 2010 sa première unité française de production d'isolants en ouate de cellulose. L'investissement de 5 millions d'euros porte sur une capacité annuelle de 15 000 tonnes, essentiellement pour le marché régional. Soprema annonce pour mars la mise au point de panneaux dédiés à l'isolation des combles.
Priorité à la recherche
A cette mise en service viennent s'ajouter deux autres investissements en France et en Pologne. Le premier concerne le déménagement de l'ancienne usine d'Avignon à Sorgues (deux sites situés dans le Vaucluse) qui garantit la pérennité de l'un des trois sites français de production de rouleaux d'étanchéité bitumineuse (avec Strasbourg et Val de Reuil, ouvert en 2002 dans l'Eure), cœur de métier de la société qui revendique plus du tiers du marché français. Le terrain de 83 000 m2 permet d'y étudier des productions complémentaires. « Rattrapée par l'urbanisation sur une emprise étroite, l'ancienne usine n'offrait plus de possibilité d'extension », commente Pierre-Etienne Bindschedler, président du directoire.
L'ouverture du site du Vaucluse, en 1941, avait joué un rôle clé dans le développement de l'ancienne Usine alsacienne d'émulsion, créée en 1908 par l'arrière-grand-père de l'actuel dirigeant : alors rebaptisée sous son nom actuel de Société des produits d'étanchéité Mammouth (Soprema), l'entreprise avait échappé à l'occupation allemande et ouvert de nouveaux marchés grâce à cette implantation. Troisième projet industriel engagé en 2009 par Soprema, l'unité de production de Blonie, à 27 km de Varsovie, entrera en service à l'automne à l'issue d'un investissement également chiffré à 15 millions d'euros. L'ambition de cette quinzième usine Soprema ne se résume pas à la Pologne : « Blonie desservira également la Tchéquie, la Slovaquie, les pays baltes et l'Ukraine », annonce Pierre-Etienne Bindschedler.
Face à ses deux grands concurrents sur le marché mondial - l'entreprise familiale canadienne IKO et le groupe danois Icopal, maison mère du français Siplast -, Soprema concentre son effort de recherche et développement sur la réduction de sa dépendance vis-à-vis des produits de l'industrie pétrochimique et sur l'augmentation de la part du recyclage dans sa production. Les écrans de sous-toiture Flaxline, à base de lin, lancés en mars dernier, figurent parmi les exemples récents de réussite. Dans son cœur de métier, Soprema a introduit 300 tonnes d'huile de colza et de résine de pins en 2009, pour l'adhésivité de ses rouleaux autocollants. L'effort s'intensifiera en 2010 : l'industriel annonce 1,2 million d'euros d'investissement dans la modernisation de son centre de recherche et développement de Strasbourg.
Paru dans Le Moniteur du 5 février 2010
- Pourquoi engagez-vous Soprema dans la production d'isolants en ouate de cellulose ?
La mise en route de l'usine de Cestas s'inscrit d'une part dans une stratégie de diversification vers des métiers complémentaires à ceux de l'étanchéité, d'autre part dans un objectif de réduction de notre dépendance vis-à-vis des produits de l'industrie pétrochimique. Pour fournir les marchés régionaux en ouate de cellulose, la disponibilité d'une matière première très sollicitée sur le marché mondial constitue l'une des principales difficultés. Nous étudions d'autres pistes dans le domaine de l'isolation, comme le recyclage des vêtements usagés.
- Maintiendrez-vous cette année le rythme d'investissements de 2009 ?
Notre désendettement complet et l'augmentation de nos fonds propres, passés de 250 à 290 millions d'euros au cours du dernier exercice, nous donnent des moyens. Dans les mois à venir, nous privilégierons les investissements de croissance externe. Les trois projets à l'étude concernent l'international comme la France, et les activités de production comme les chantiers.
- Espérez-vous d'autres relais de croissance dans le monde ?
Nous allons recruter quelques personnes pour renforcer notre présence en Amérique du Sud. Les deux autres régions du monde les plus porteuses se heurtent pour l'instant à des obstacles : droits de douane en Asie, complexité de l'accès aux marchés en Russie.
150
millions de m2
La production de rouleaux d'étanchéité n'a pas varié de 2008 à 2009. Sur ce total, les trois usines françaises produisent 40 millions de m2.
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