Série "bâti-viticulteurs" (3/7) : ils mettent en bouteille le cœur des pierres
A la tête de l’entreprise familiale de TP, Alexis et Eric Buffin sont propriétaires de deux parcelles de vignes en contact direct avec leur carrière. Leur vignoble produit « Le cœur des pierres », une appellation Côte-Rôtie.
Emmanuelle N’Haux
Pour les habitants d’Ampuis (Rhône), la Côte-Rôtie est une religion. Le village, situé sur la rive droite du Rhône près de Vienne, est l’une des trois communes à produire la célèbre appellation. Un vignoble qui se déploie à flanc de coteaux sur des terrasses caillouteuses, soutenues par des murets en pierre.
De la pierre, Alexis et Eric Buffin, aujourd’hui à la tête de l’entreprise familiale de travaux publics du même nom (Prix Moniteur de la construction en 2009) en produisent au sein de leur carrière. Bien que travaillant dans le BTP, ces enfants d’Ampuis n’échappent pas à la règle : la vigne fait partie intégrante de leur quotidien. Propriétaires de deux parcelles de 6 000 m2, ils disposent de vignes situées de part et d’autre de leur entreprise. A tel point que les derniers pieds plantés cette année descendent pratiquement jusqu’au poste d’enrobage en contrebas de ce coteau escarpé.
Une histoire de famille
Pour ces deux amateurs de vin, et amoureux de la Côte-Rôtie, en produire s’imposait. « Lorsque notre père a installé l’entreprise sur ce site en 1987, il y avait ces parcelles classées en vigne, mais non-exploitées », explique Eric Buffin, le cadet. L’idée de produire leur propre vin germera plus tard…
La fermeture des carrières environnantes, amènera l’entreprise à produire ses propres cailloux pour la fabrication des enrobés. Lors de la dernière demande d’autorisation d’exploitation de la carrière en 2004, certains vignerons agacés par le projet de contournement de l’Ouest lyonnais ont été vent debout contre l’exploitation de la carrière, faisant l’amalgame entre les deux sujets. Comme pour leur prouver que les activités de la carrière et de la vigne n’étaient pas incompatibles, les frères Buffin décident de produire leur propre Côte-Rôtie.
« N’étant pas vignerons, nous avons confié l’exploitation des vignes à un cousin germain de notre père, René Rostaing », précisent les deux frères qui restent propriétaires des terres. Les premières vignes seront plantées en 2008. Pas étonnant que les frères Buffin aient eu envie de produire du vin tant il fait partie de leur histoire familiale ; leur arrière-grand-père fut fromager-affineur et viticulteur et l’un de leurs oncles n’est autre que Georges Vernay, célèbre producteur de Condrieu qui exporte ses bouteilles partout dans le monde.
Réglementée, la production de Côte-Rotie ne peut excéder les 40 hectolitres par hectare.
Le rendement des parcelles des frères Buffin s’élève à 2 400 litres maximum, sur lesquels ils « récupéreront » 240 bouteilles lors de la prochaine cuvée ! Le nom inscrit sur leurs bouteilles, « Le cœur des pierres », ne doit rien au hasard ! « La vigne et nos métiers se rejoignent sur de nombreux points : le contact direct avec la géologie, la saisonnalité, la convivialité… Nous échangeons beaucoup avec les vignerons sur la nature des sols. » Sans compter que l’activité des vignes génère du travail de proximité à l’entreprise, lorsqu’il s’agit de construire de nouvelles caves, de réaliser des enrobés ou de « miner » la vigne, c’est-à-dire remonter la terre avant de replanter. Une opération délicate réalisée par leurs engins de travaux publics.
VIGNOBLEAppellation : Côte-RôtieSuperficie : 6 000 m2
Cépages : Syrah et viognier (5 %)
Production : 2 400 litres
Prix : à partir de 30 euros la bouteille
ENTREPRISERaison sociale : Buffin TP
Localisation : Ampuis (Rhône)
Spécialité : travaux publicsNombre de salariés : 40
Chiffre d’affaires : 8 millions d’euros en 2013
SUR LE MÊME SUJET
Top 1000 des entreprises du BTP
AbonnésRetrouvez le classement annuel des 1 000 plus grandes entreprises de BTP et construction en France
Je découvre le classementSérie "bâti-viticulteurs" (3/7) : ils mettent en bouteille le cœur des pierres
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir