RT 2012 : "les objectifs du Grenelle enterrés par les lobbies électriques ?"
L' Institut pour la Conception Environnementale du Bâti (ICEB), association regroupant une cinquantaine de professionnels de l'architecture, du bâtiment, de l'urbanisme, de la santé et de l'environnement, donne son avis sur les propositions du rapport de l'office parlementaire des choix scientifiques et techniques, visant à établir les modulations de la future norme des 50kWh.
Institut pour la Conception Environnementale du Bâti (ICEB)
\ 11h48
Institut pour la Conception Environnementale du Bâti (ICEB)
Sollicités pour donner un avis sur les évolutions de la future Réglementation Thermique 2012, les députés Christian Bataille et Claude Birraux viennent de déposer leur rapport à l'office parlementaire des choix scientifiques et techniques de l'Assemblée nationale. Un rapport qui assure la pérénité du tout électrique et qui fait régresser les objectifs du Grenelle.
Sur quelques points, le rapport ne peut que nous satisfaire car il va dans le sens de la performance durable :
- en matière de photovoltaïque, il propose de ne prendre en compte dans le calcul réglementaire que la part de l'énergie produite qui est consommée sur place, ce qui évitera les passoires soi-disant performantes car recouvertes de photovoltaïque.
- en logement, il propose une modulation de l'exigence selon la taille du logement pour prendre en compte le poids grandissant de l'ECS1 dans les consommations
- il reconnaît que la modulation par zones géographiques du niveau BBC2 proposée par Effinergie crée quelques problèmes sur les marges de zones. Il propose d'élever à 70 kWh/m².an l'exigence pour l'Alsace et la Lorraine. Mais qu'en est-il de la Franche Comté qui est traitée comme Lyon, ou du Berry qui a les mêmes exigences que Nantes ...Ne vaudrait-il pas mieux une maille plus fine, départementale par exemple ?
Propositions inspirées par les lobbies électriques
Mais la plupart des propositions du rapport conduiraient à du surplace réglementaire, voire à de graves contre performances énergétiques. Elles traduisent une profonde méconnaissance des solutions passives, et certaines d'entre elles n'apparaissent que comme de grossières propositions inspirées par les lobbies électriques, dans l'esprit d'une des contre-vérités affirmées dans le rapport : " un chauffage par l'électricité en France dissipe trois fois moins de gaz à effet de serre qu'un chauffage par chaudière utilisant de l'énergie fossile" qu'en est il des déchets nucléaires ?
Usages
Les usages réglementés restent limités aux mêmes
Coefficients d'équivalence en énergie primaire
Le coefficient d'équivalence en énergie primaire de l'électricité reste à 2,58 alors que le rapport fournit luimême un calcul qui conduirait à un coefficient de 2,7 et que, ce même calcul, s'il était physiquement réaliste, conduirait plutôt à 3,2 !
Le coefficient d'équivalence des réseaux de chaleur, quelque soit la part d'énergie renouvelable ou fatale brûlée, reste égal à 1, tout comme celle du bois (ramené à 0,6 par Effinergie). Ce qui pénalise toutes les énergies renouvelables issues de la biomasse et conduit à l'ineptie contre performante consistant à privilégier un poêle bois (à faible rendement et forte émission de polluants de proximité) plutôt qu'un réseau de chaleur bois (sur la chaufferie duquel pertes et émissions peuvent être contrôlées).
Tertiaire
Il renonce à des exigences en valeur absolue de consommation pour le tertiaire, soi-disant trop difficiles à évaluer (comment faisons-nous alors, nous qui concevons des bâtiments tertiaires performants ?). Les bureaux et écoles ne seraient alors plus réglementés que sur l'isolation de l'enveloppe ... et une vague promesse de contrôle des consommations. Qu'en est-il des gouffres énergétiques que constituent la ventilation et la climatisation en bureau, sans parler de certains process (commerces, hospitalier, cuisines ....)
Confort d'été
Quand les rapporteurs se préoccupent du confort d'été, nous nous attendions à lire un plaidoyer en faveur des solutions passives (protections solaires, surventilation nocturne ...). Que non ! La proposition est d'équiper tous les logements d'un système à choisir entre puits canadien, PAC réversible ou autre système de climatisation !!! Quant on connaît le coût et les difficultés du puits canadien pour les grands débits, c'est évidemment une prime à la PAC et à la climatisation.
Plafond de CO2
Enfin, soucieux de « faire barrage aux solutions tout gaz », les rapporteurs préconisent un plafond de CO2, qu'ils évaluent à 5 kg/m².an : plafond d'émission impossible à atteindre en BBC gaz sans ECS solaire, très facile en PAC sans aucun effort sur l'enveloppe et même atteignable en chauffage électrique direct sans ECS solaire !!!. Limiter les émissions de CO2 est une excellente chose, Messieurs Bataille et Birraux la copie est à revoir pour ce qui est des niveaux à fixer et de préserver les objectifs du Grenelle.
5 usageschauffage, ECS, climatisation, éclairage, ventilation, auxiliaires
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