Restauration par gommage des façades en pierre du Palais de Chaillot
Defawe Philippe
Avant que le Palais de Chaillot ne retrouve une nouvelle jeunesse grâce à la rénovation de ses façades, des tests sur site sont actuellement réalisés afin de déterminer la méthode de traitement la mieux adaptée.
Edifié en 1937 pour l’Exposition Universelle, le Palais de Chaillot, subit les affres du temps. La pollution, principale responsable des altérations, se mesure à des traces visibles : salissures, recristallisation, décollement… Avant d’entamer tous travaux de rénovation, un diagnostic très poussé a permis de lister tous les éléments à prendre en compte. Différemment exposées, ses façades néo-classique alternent la pierre naturelle sur les parties "nobles", côté Tour Eiffel et la pierre reconstituée sur les parties arrières. Les tests actuellement réalisés sur le support vont permettre de sélectionner la meilleure procédure à adopter pour la restauration ultérieure du monument dans son entier. Cette phase de nettoyage expérimentale est lancée par l’entreprise allemande Kärcher, dans le cadre de sa politique de mécénat culturel. Engagée depuis plus de 20 ans dans la restauration de monuments et de bâtiments historiques, elle a à son actif quelque 80 opérations de restauration dans le monde, dont les Colosses de Memnon à Louxor, la Statue de la Liberté à New-York et le Mont Rushmore dans le Dakota du Sud. Kärcher a pu ainsi, à travers ses actions de sauvegarde du patrimoine, démontrer son expertise et développer ses savoir-faire.
Une série de tests sur site
Pour cette phase expérimentale, ce sont les façades de l’aile de Paris qui ont été retenues. La méthode utilisée consiste à réaliser un sondage sur le site en plusieurs endroits significatifs de la façade. Sur ces échantillons de 20 cm2, étendus à 1 m2, sont appliqués deux types de nettoyage : la technique de projection d’eau chaude et celle du gommage. C’est cette dernière qui a été privilégiée après les premiers tests. "L’eau a été bannie, car elle peut provoquer des réactions, comme des efflorescences, des décollements ou encore des chocs thermiques, explique Jean-Jacques Brunie, Architecte des Monuments Historiques (Cabinet Lagneau). Par ailleurs, les façades sont constituées de pierres agrafées (1). Au contact de l’eau, ces agrafes en laiton et en acier pourraient provoquer l’éclatement des pierres. Nous avons plutôt choisi une méthode douce". Il s’agit de la projection à basse pression d’une poudre minérale (farine de pierre) de faible granulométrie.
Ce procédé adopté, reste encore à définir, côté technique, la nature exacte de la poudre abrasive, la distance, la puissance et le temps de projection pour les deux natures de pierres. C’est justement l’objet de ces tests. Ils permettront aussi, côté économique, de mieux appréhender la durée totale du chantier de rénovation, les équipes à mettre en place et le budget.
Frédérique Vergne
(1) pierres agrafées : pierres minces attachées