«Renaud Muselier exagère l’impact de la réforme de l’apprentissage», Jean-Christophe Repon, président du CCCA-BTP
Le 6 avril, lors d’une journée consacrée à l’apprentissage, Renaud Muselier, président de la région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur, a annoncé «stopper immédiatement» les 120 millions d’euros d’investissements dans l’apprentissage en attendant le débat parlementaire sur la réforme. La région annonce investir 143 millions d’euros pour des recettes de l’ordre de 120 millions d’euros. Avec le projet de réforme de l’apprentissage, les recettes seraient divisées par cinq.
Jean-Christophe Repon, gérant de la SARL Repon à Toulon (Var) et président du Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP), réagit à ces déclarations.
Propos recueillis par Christiane Wanaverbecq (Bureau de Marseille du Moniteur)
\ 14h46
Propos recueillis par Christiane Wanaverbecq (Bureau de Marseille du Moniteur)
Renaud Muselier, président de la région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur, a annoncé qu’il stoppait immédiatement les investissements pour les centres de formation des apprentis (CFA). Il estime que la réforme de l’apprentissage annoncée par le gouvernement va «diviser par cinq ses recettes et n’atteindraient plus que 24 millions d’euros. Quelle est votre réaction ?
Jean-Christophe Repon: Je comprends tout à fait ses inquiétudes par rapport à l’impact de la réforme de l’apprentissage et ses doutes par rapport aux investissements prévus. Je pense cependant que le tableau qu’il dresse est exagéré en termes de pertes de recettes et de nombre de fermetures de CFA.
Cela met en péril les projets de rénovation des CFA BTP d’Avignon et de Toulon, ainsi que la création d’une antenne à Draguignan. Quelle est votre réaction ?
J.-C. R.: Je tiens à rappeler que le CCCA-BTP étudie depuis une dizaine d’années en partenariat avec les services du conseil régional la rénovation des CFA d’Avignon et de Toulon. Le CCCA-BTP a voté les budgets pour ces deux projets et les affectés à des fonds de réserve dédiés à cet investissement. Dix millions d’euros sont d’ores et déjà engagés. Je pense que le conseil régional a lui aussi déjà affecté des budgets prévisionnels. Lorsque la loi sera adoptée et que nous aurons une vision claire du dispositif mis en place, j’espère que nous pourrons lancer rapidement ces deux opérations nécessaires à la qualité de la formation dans la région, pour les entreprises et les apprentis.
Quelle est l’urgence ?
J.-C. R.: Ce serait bien que les nouveaux CFA d’Avignon et de Toulon soient opérationnels en 2020, au moment de la mise en œuvre de la réforme. A Toulon, les locaux sont inadaptés et trop exigus. A Avignon, le CFA se situe dans des locaux dont le bail arrive bientôt à échéance. Il doit déménager. L’antenne du CFA de Toulon à Draguignan, à l’est du Var, est moins prioritaire, même si le projet a du sens. Car il vise à rapprocher les outils de formation de notre secteur des territoires, là où se trouvent les entreprises et les jeunes. Il est difficile de faire se déplacer des jeunes de plus de 100 km. Je rappelle que ces investissements s’inscrivent dans la droite ligne de la politique de la région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a fait de l’apprentissage une priorité. Ces dernières années, toutes filières confondues, le nombre d’apprentis est passé de 27 000 à 32 000 en deux ans et demi. L’objectif est d’arriver à 50 000 apprentis d’ici à 2021.
Quels sont les enjeux en matière d’apprentissage dans la région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
J.-C. R.: Il faut à tout prix que le bâtiment et les travaux publics compte 30 à 40 % d’apprentis en plus. Nous avons besoin d’outils en capacité d’amener les jeunes vers notre filière. Nous comptons, dans la région, six CFA-BTP. Ceux d’Avignon et de Toulon, qui n’ont pas été rénovés depuis les années 1970, ne sont plus attractifs. Nous avons besoin de centres de formation en pointe pour former au numérique et à la transition énergétique. Il faut aussi des outils attractifs et mêlant de plus en plus formation initiale et formation continue conformément au plan stratégique du CCCA-BTP. Adopté il y a un an, «Transform’ BTP» préconise la mixité des publics, des parcours de formation plus courts et de remettre l’entreprise au centre des CFA. Cela implique, notamment, des plateaux techniques où nos entreprises seront parties prenantes.
L’association régionale BTP CFA Provence-Alpes-Côte d’Azur, membre du réseau de l’apprentissage BTP animé par le CCCA-BTP, réunit six centres de formation d’apprentis du BTP en Paca qui forme 3 646 jeunes, dont 3 629 apprentis: BTP CFA Aix-Provence-Milles (744), BTP CFA Antibes (744), BTP CFA Arles (197), BTP CFA Avignon (716), BTP CFA Marseille (57O), BTP CFA Toulon (675).
La part de l’apprentissage dans l’effectif total en formation dans les lycées et CFA en 2O16-2O17, pour les diplômes préparant à une spécialité du bâtiment et des travaux publics, par la voie scolaire ou l’apprentissage, est de 44 %; source: rectorat, CCCA-BTP.
Tableau de bord «Emploi-formation» du bâtiment et des travaux publics en Paca (2017)
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