Réactions à l'éviction d'Alexandre Chemetoff à Nantes
Les lecteurs du Moniteur.fr donnent leurs points de vue sur la fin de contrat, "à ses torts", de l'architecte-urbaniste avec la Société d'aménagement de la métropole ouest Atlantique.
L'article : "Alexandre Chemetoff mal remercié à Nantes"
Les réactions :
Patrick Colombier, président du Syndicat de l'architecture
L'information que vous nous donnez de l'éviction d'Alexandre Chemetoff du projet urbain de l'île de Nantes nous laisse pantois, même si des bruits couraient depuis quelque temps à ce sujet. On a du mal à comprendre comment la démarche de développement urbain la plus pertinente qui soit aujourd'hui, tous pays confondus, puisse s'achever de manière aussi brutale. Non seulement le travail effectué à ce jour est admirable et inspire le respect de tous les concepteurs de l'espace urbain, mais il faut aussi se remémorer le travail de longue haleine mené à Rennes par le même Alexandre Chemetoff pour comprendre tout l'intérêt d'une telle démarche.
Nous pensions qu'après la confiance que lui avait accordé à Rennes le maire Edmond Hervé, Jean-Marc Ayrault avait été particulièrement bien inspiré de lui confier cette mission sur l'île de Nantes. Peut-être est-ce cette notion de "longue haleine" qui aura poussé la Samoa à écarter Alexandre Chemetoff qui prône l'observation, la réflexion contre la précipitation. Nous sommes dans un monde concurrentiel, sauvage, dans lequel on pense que celui qui dégaine le plus vite gagne la partie. La ville et ses mutations n'ont rien à voir avec ce "far west" agité, la ville nécessite du temps si on la veut durable.
Alexandre Chemetoff est un paysagiste-urbaniste-architecte responsable et respecté. Alors que s'est-il passé, se serait-il opposé à quelque projet sur son île ? Un P.P.P quelconque implanté n'importe où ? Gênerait-il quelque géant du BTP soucieux d'agir au plus vite ? Décidément le politique serait inspiré de se pencher sur l'apport réel de l'architecte dans la reconquête urbaine, sur sa capacité à initier un espace urbain équilibré, amène, responsable en termes d'équilibres socio-économiques et culturels. Le libéralisme énervé mène à la faillite, on commence à s'en rendre compte, la patience est une vertu à redécouvrir si l'on ne veut pas retomber dans les "zonings", les "parcages" dont on connaît les effets dévastateurs sur la vie des sociétés.
Oui, les architectes sont aujourd'hui attaqués de toutes parts ; on leur conteste des compétences en matière de développement durable alors que leur culture et leur apprentissage s'inscrivent de tout temps dans cette dimension, on cherche à les isoler, à compliquer à l'envi leur accès à la commande, à dévaluer systématiquement la rémunération de leur travail, à imaginer de les rendre minoritaires dans les sociétés d'architecture... et aujourd'hui à les virer comme des malpropres. C'est l'assassinat programmé de l'architecte. Il est à espérer que le ministre de la Culture, en charge de l'Architecture, saura relayer notre alarme.
Mimi Tjoyas, architecte D.P.L.G. à Perpignan
Ayant visité cet été pour la première fois Nantes, j'ai été éblouie et ravie de voir enfin un aménagement vivant, avec mélange de services, logements et équipements. Comment est-il possible de remercier à ses torts quelqu'un qui a contribué si fortement à ce lieu de vie remarquable ? Par la présente j'apporte mon soutien le plus total à Alexandre Chemetoff, que par ailleurs je n'ai jamais rencontré.
Thibaut Le Normand, responsable développement chez Realtis
Votre article sur la fin houleuse de la relation Chemetoff-Samoa à Nantes est fort intéressant... mais ! Mais il omet deux choses essentielles à mes yeux (je ne suis pas impliqué dans cette "affaire", mais j'ai suivi avec grand intérêt tous les projets nantais). Vous ne donnez pas du tout la parole au maître d'ouvrage, ni même son point de vue. Cela aurait été intéressant de confronter les deux points de vue. Et enfin vous n'évoquez pas le problème du futur déménagement possible du CHU sur l'île de Nantes ; or il semble que ce soit sur ce point que les choses ont dérapé, pour répondre à la dernière question de votre article. A creuser et à suivre.
Luc
Quelle tristesse... de voir Alexandre Chemetoff congédié après le travail remarquable qu'il a effectué, et qui donnait du courage et de l'espoir aux architectes qui aiment la ville, la démocratie, l'humanité... L'épisode du CHU qui sert de révélateur est emblématique. L'intention d'Alexandre Chemetoff était remarquable: arrêter enfin avec ces grandes machines anti-urbaines qui anéantissent la ville (CHU, lycées...) pour créer même sur de grands programmes des morceaux de ville. Il suffit malheureusement d'une volonté opaque et obscurantiste du maître d'ouvrage délégué pour anéantir tout cela, en dépit de toute démocratie urbaine. Comment défendre les architectes contre ces abus de pouvoir et cette destruction de la ville, leur champ d'action? Je proposais il y a quelques temps la création d'une "Haute autorité de l'architecture" et des questions urbaines, libre, indépendante, compétente pour enfin pouvoir contrer les dictats de maîtres d'ouvrage incompétents et mal intentionnés...
Anonyme
Pression immobilière. Ceci n'est peut être pas seulement un sentiment! Alors que les premiers bâtiments ont été développés dans le temps, ce qui donne des objets architecturaux distincts et remarquables, la pression de certains promoteurs poussent à des délais et objectifs architecturaux moindres en se passant de certaines approbations et étapes de conceptions, en demandant un projet d'immeuble (étude+permis de construire) en un mois, par exemple!... Bref pression quand tu nous rattrapes, tu fais des dégâts... A suivre...
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