RE2020 : la filière gaz craint le retour des convecteurs électriques énergivores
Dans le cadre de la RE2020, sept organisations professionnelles fustigent la volonté des pouvoirs publics d’abaisser artificiellement le coefficient d’énergie primaire de l’électricité.
Augustin Flepp
Alors que les travaux de la future RE2020 dans les bâtiments neufs se poursuivent, plusieurs acteurs de la filière gaz* craignent le retour de convecteurs électriques peu performants. Dans une note de cadrage envoyée aux professionnels début avril, le ministère de la transition écologique et solidaire a fait savoir qu’il réfléchissait à abaisser, dès l’an prochain, le coefficient de conversion d’énergie primaire (CEP) de l’électricité à 2,1.
Ce coefficient représente la quantité totale d’énergie nécessaire pour fournir la quantité d’énergie finale consommée par l’utilisateur, en tenant compte des pertes lors de la production, du transport et de la transformation du combustible. Pour les logements électriques neufs, la RT 2012 fixe le niveau du coefficient à 2,58. Grosso modo, pour 1 kWh consommé, il faut produire 2,58 kWh d'électricité. Pour les autres énergies (gaz, fioul), il se situe à 1.
Mix énergétique 2035
Pour justifier cette baisse, les pouvoirs publics se basent sur le mix énergétique en 2035, date à laquelle la France s’est fixée comme objectif de porter la part du nucléaire à 50%. Une orientation dénoncée par les professionnels du gaz. « En faisant comme si la part du nucléaire avait déjà baissé, le nouveau coefficient d’énergie primaire, en nette baisse, permet le retour du convecteur électrique », s’inquiète la filière gaz dans un communiqué.
Pour les professionnels, cette décision risque d’augmenter la facture d’électricité des Français et de provoquer des tensions sur le réseau d’électricité en hiver (pics de consommation). "Une valeur à 2.1 amènera par rapport à une consommation de 50 kWh/m2/an, un droit à surconsommer avoisinant les 4.5 kWh/m2/an pour la filière électrique alors même qu’il est attendu un effort de réduction des consommations au niveau national par ailleurs", déplore Bernard Aulagne, président de l'association Coénove qui regroupe les principaux acteurs de la filière gaz.
« Si vous abaissez le CEP, vous desserrez l'ambition d’efficacité énergétique et vous risquez de faire revenir les convecteurs électriques dans les logements », explique Bernard Aulagne, président de Coénove joint par le Moniteur. « Cette orientation aura pour conséquence de faire sortir artificiellement un million de logements chauffés à l’électricité des classes énergétiques F et G ».
La filière gaz somme les pouvoirs publics de revenir sur la baisse annoncée du coefficient d’énergie primaire en maintenant 2020 comme année de référence. Les professionnels veulent également changer la méthode de consultation actuellement en cours par une plus grande écoute de la part des pouvoirs publics.
*AFG, Comité Français Butane Propane, Coénove, Energies et Avenir, FFB-UMGCCP, Synasav et Uprigaz.
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