
Protection d’un échafaudage par détecteurs de mouvements et caméras
Gilles Rambaud | le 07/09/2012 | Patrimoine, Matériel de chantier, France
Un système anti-intrusion perfectionné a été installé sur un échafaudage monté sur un monument historique.
L’Opéra-Comique, dans le deuxième arrondissement de Paris, vient d’être recouvert d’un échafaudage tubulaire qui restera en place pendant plus d’un an, le temps pour l’entreprise Balas de rénover 1 680 m² de toiture en zinc. Compter environ 5 kg de métal au m² à un prix de récupération par les ferrailleurs qui monte jusqu’à 1 euro le kilo. Voilà de quoi attirer les voleurs de métaux… Pour se prémunir contre ce fléau, Balas a fait appel à Infrarouge Sécurité pour installer un système anti-intrusion. « C’est une grosse opération, concède Joachim Vaquez, président d’Infrarouge Sécurité. Nous avons sécurisé tout le premier étage de l’échafaudage, ce qui a nécessité 18 caméras vidéo. » Les intrusions ayant lieu de nuit, il faut des caméras qui filment dans le spectre infrarouge. Chacune est couplée à un détecteur de mouvements qui repère les déplacements d’air. En cas de déclenchement, la caméra tourne pendant 10 secondes et envoie ses images vers un centre de vidéosurveillance. « Cette durée très courte nous permet d’envoyer immédiatement les images via le réseau téléphonique GPRS », explique Joachim Vaquez. Au centre de surveillance, c’est un homme qui décide si l’intrusion est confirmée. Dans ce cas il prévient une équipe d’intervention qui se rend sur place. « Nous surveillons simultanément autour de 500 chantiers et déclenchons en moyenne 1 200 interventions par mois, dont 10 % se soldent par l’interpellation du voleur. »
Dissuasion
Voilà pour la partie cachée du procédé. Reste le plus important : la partie visible. « Je suis partisan d’une protection bien visible qui joue un rôle de dissuasion. Nous ne cherchons pas à piéger les voleurs mais à les repousser. » D’où de nombreux panneaux annonçant la présence des caméras et des alarmes lumineuses qui se déclenchent à chaque détection. « Le volume sonore des sirènes a été considérablement réduit par la réglementation. Elles ne servent plus à rien. Nous préférons les flashes. » Infrarouge Sécurité le reconnaît : ces avertissements n’arrêteront pas des voleurs aguerris mais ils empêcheront les vols d’opportunité qui restent les plus nombreux sur les chantiers.
Installer un système anti-intrusion sur son échafaudage est un moyen de se prémunir contre le vol de matériaux, une motivation qui concerne avant tout l’entreprise de construction et qui représente environ 80 % de la demande. D’autres arguments d’ordre juridique plaident en faveur de tels systèmes : en 2002 les tribunaux ont donné raison à une compagnie d’assurance qui refusait d’indemniser un client suite à un cambriolage au motif que les voleurs étaient passés par un échafaudage qui avait trop facilité leur effraction. Depuis la jurisprudence est claire : la responsabilité d’un cambriolage via un échafaudage incombe au bailleur. C’est à lui d’indemniser les locataires qui en sont victimes. Voilà qui a donné des idées aux fournisseurs de systèmes anti-intrusion qui, depuis, s’adressent directement aux maîtres d’ouvrage pour leur rappeler ce point de droit. Ce marché concerne principalement les chantiers de ravalement de logements collectifs et représente environ 20 % de la demande. Le cambriolage n’est pas le seul cas où la responsabilité du bailleur est engagée : nombreux sont les fêtards qui aiment grimper dans un échafaudage un verre à la main ou les voyeurs qui comptent s’approcher de la fenêtre d’une salle de bains… S’ils tombent et se tuent, la responsabilité du maître d’ouvrage sera aussi engagée et l’indemnisation sera autrement plus coûteuse que le remboursement d’un téléviseur et d’une chaîne Hi-Fi.
• En 2008 la FFB (Fédération française du bâtiment) évaluait le coût global des vols sur chantier à 1 milliard d’euros par an. • En 2010 quelque 11 654 vols de métaux ont été enregistrés en France par la police nationale et la gendarmerie, dont 2 107 sur les chantiers. • Depuis le 30 juillet 2011 le paiement en espèce est interdit pour l’achat au détail de métaux ferreux et non ferreux.