Prix des matériaux : inflation, récession et décarbonation, le trio infernal
A la crise multifactorielle s'ajoutent les coûts induits pour faire baisser l'empreinte carbone.
Adrien Pouthier
C'est un drame en trois actes. Premier épisode, automne 2020 : le redémarrage rapide de l'économie mondiale après les périodes de confinement tend la production de matériaux - la demande déborde l'offre - et donc sur leurs prix. Une première flambée à laquelle les fabricants de fenêtres, qui dépendent de multiples matières premières - aluminium, PVC, bois, verre - assistent aux premières loges. « Oui, notre filière a subi l'augmentation de leur prix, rappelle Ludivine Menez, déléguée technique de l'Union des fabricants de menuiseries extérieures (UFME). Mais elle a aussi souffert des incertitudes sur l'approvisionnement qui est aujourd'hui moins garanti. J'en veux pour exemple la ruée des Américains et des Chinois sur le bois européen, ce qui a perturbé grandement le marché français. » Deuxième épisode, à partir de la fin de l'été 2021 : l'envolée des prix de l'énergie - + 157,3 % pour le gaz et + 295 % pour l'électricité entre août 2021 et novembre 2022, d'après la FFB - impacte de nouveau la production d'aluminium, d'acier, de cuivre, de verre, de tuiles, de céramique, de ciment, avec, à la clef, une nouvelle augmentation. Pire, les premières fermetures de capacités de production sont annoncées par des industriels qui estiment ne plus pouvoir couvrir l'augmentation spectaculaire de leurs coûts énergétiques. Un épisode qui dure et que le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, rend encore plus douloureux. Conséquence, le prix des matériaux augmente encore : + 27 % en 2022 selon la Capeb.
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