
Pour ses dix ans, la tour Elithis positive
Christiane Perruchot | le 13/09/2019 | Energie, Réalisations, Côte-d'Or, RT2012, Bepos
Conçue pour être à énergie positive, la tour de bureaux Elithis à Dijon (Côte-d’Or) réalisée par la société d’ingénierie du même nom, n’a pas atteint son objectif. Elle présente toutefois un bilan énergétique et économique performant, qui a été dressé lors de la cérémonie d’anniversaire, le 12 septembre.
Dix ans après la livraison, la société d’ingénierie Elithis a présenté, jeudi 12 septembre à Dijon, devant un parterre de promoteurs, investisseurs et élus, le bilan de l’exploitation de la tour de bureaux qu’elle avait conçue pour être à énergie positive. Or, l’immeuble de bureaux de neuf étages et 5 000 m2 à ossature bois ne produit pas plus d’énergie qu’il n’en consomme. Pour autant, ses performances sont « hors normes », se félicite Thierry Bièvre, le P-DG d’Elithis. La tour également occupée par un restaurant au rez-de-chaussée consomme dix fois moins que les exigences de la RT 2012 et trois fois moins que celles du Bepos Effinergie 2017 devant préfigurer la réglementation environnementale 2020.
Au bout de dix années de fonctionnement, le bilan s’établit, en moyenne, à 11 kilowattsheure (kWh) par mètre carré en énergie primaire et 39 kWh par mètre carré en énergie finale. Qu’aurait-il fallu pour que la tour soit à énergie positive ?
« Peut-être une plus grande surface de panneaux photovoltaïques (456 m2 ont été installés sur le toit) ou simplement une technologie actuelle, de meilleur rendement qu’il y a dix ans », répond Thierry Bièvre.
Cinq postes analysés
L’analyse porte sur cinq postes suivis en continu par une gestion technique du bâtiment : le chauffage, le rafraîchissement, la ventilation, l’éclairage et les auxiliaires comprenant les consommations propres aux occupants, comme les ordinateurs et les serveurs informatiques.
La production et la consommation de chauffage se trouvent à l’équilibre, malgré le relèvement, à la demande des occupants, de la température hivernale, de 19 degrés à 23 degrés. L’intégralité des besoins est couverte par deux chaudières à granulés de bois de faible puissance (100 kW chacune). Les concepteurs expliquent la performance par la faible prise au vent et l’absence de ponts thermiques que procure la forme ovoïde du bâtiment et par le bénéfice de l’inertie du béton dans le noyau central.
La ventilation et le rafraîchissement sont deux postes plus énergivores — un peu plus de 10 kWh par mètre carré et par an pour le premier, le double pour le second — mais ils sont qualifiés de très satisfaisants, en regard de l’importance de la surface vitrée qui occupe 70 % de la façade.
Les concepteurs insistent sur l’impact du comportement des occupants dans le bilan thermique qui peut « rapidement dériver » de ce fait.
Un bâtiment à un prix standard
Le bilan économique est « encore meilleur. », selon Elithis. Avec les dépenses d’ascenseur, la facture moyenne annuelle s’élève à 7 centimes d’euros par mètre carré, assure Thierry Bièvre qui veut, en outre, démontrer « qu’il est possible de faire un bâtiment tertiaire sobre à un prix standard, 1 400 euros hors taxes le mètre carré, hors parking en sous-sol. » Le calcul déduit des charges le revenu de la vente d’énergie solaire sur le réseau, à presque 3 euros par mètre carré.
Dans un livre « Retour sur le futur », publié pour ce 10e anniversaire, le concepteur revient sur son expérience et les écueils rencontrés. Le message vidéo préalablement enregistré d’Emmanuelle Wargon pour l’anniversaire fait office d’encouragement : « Bravo d’avoir montré que c’est possible », a dit la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique soulignant le besoin d’exemples de ce type pour mobiliser les maîtres d’ouvrage, pour atteindre les objectifs nationaux de sobriété énergétique à l’horizon 2030-2040. C’est le sens du « tour de France » qu’elle a entamé le 11 septembre à Angers.
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