Posytec, quand l'art du polystyrène fait maison... basse consommation
À Gerzat (Puy-de-Dôme), Posytec fabrique, depuis une dizaine d'années, des modules en polystyrène expansé pour la construction de maisons ultra-basse consommation, à structure poteaux-poutres en béton.
Frédéric Pigot
Comme par magie, Posytec transforme un big-bag de distyrène en maison. Voilà un peu plus d'une dizaine d'années que Christophe Portuguès, président de l'entreprise, s'est lancé dans cette aventure.
Issu de la chimie et passionné de mécanique, c'est tout seul, dans son garage, qu'il a commencé à développer ce concept de matériau de construction passif et positif qu'il ne cesse, depuis, de perfectionner en déposant marques et brevets. La blouse blanche fait toujours partie de sa panoplie.
Recherches et développement
Le matin du reportage, il réalisait des échantillons pour améliorer la membrane d'étanchéité des composants de la toiture. Recherches et développement occupent son quotidien… C'est lui qui a conçu la machine de découpe permettant aux blocs de polystyrène de s'emboîter entre eux pour devenir des murs. Des pans de douze mètres par quatre peuvent y être assemblés avant expédition sur le chantier où les murs y arrivent en trois niveaux qu'il n'y a plus qu'à emboîter. Chez Posytec, tout est fait maison, ou presque. L'expansion des micro-billes et la fabrication des blocs sont sous-traitées, mais plus pour longtemps. En effet, Christophe Portuguès met en place une ligne de fabrication capable de produire, toutes les quatre heures, les composants d'une maison alors que le process actuel n'en permet que 8 à 10 par mois. Dans la foulée, les modules gagneront en longueur pour mesurer 12 m au lieu de 3. Pour Posytec, il s'agit de répondre à un enjeu de taille : la mise en place, en 2022, des nouvelles normes énergétiques de construction RE2020.
Posyte, Isolyte et Fondasyte
À l'origine de cette réussite, il y a donc des micro-billes de distyrène, d'à peine 1 mm de diamètre. Ces dernières sont expansées industriellement « comme du pop-corn » à 115°C de vapeur d'eau. Le polystyrène ainsi produit se compose alors de 97 % d'air, qui confère aux produits Posytec un lambda de 35 à 32 Th, légèrement supérieur à celui des laines de verre ou de roche - lesquelles restent loin derrière pour leur bilan carbone. Avec une résistance thermique située entre 8,5 et 10, les modules Posytec offrent une performance particulièrement appréciable et bien au-delà des futures exigences en matière de maisons passives. Christophe Portuguès parle de 30 % d'économie de chauffage.
« L'épaisseur de nos murs (30 à 35 cm) fait la force de notre produit le patron de Posytec en précisant qu'en cas de feu, le PSE fond, mais n'émet plus de fumée depuis que sa formulation a été modifiée. De plus, ce matériau n'est pas jamais laissé brut puisqu'il est enduit en extérieur et peut recevoir une plaque de plâtre à l'intérieur. Les rails peuvent être très efficacement vissés dans les modules. Christophe Portuguès rappelle enfin la neutralité chimique du PSE qui lui permet d'être utilisé comme contenant alimentaire. Il est également un déchet du raffinage, hydrophobe, 100 % recyclable, neutre au niveau du ph et il permet de diviser par cinq le volume de béton nécessaire à la construction. À raison d'un poteau tous les mètres, en moyenne, une ossature porteuse en béton armé est coulée au cœur du Posyte découpé sur-mesure. À l'intérieur de ces blocs qui compose les murs, des emplacements sont pré-découpés pour recevoir poteaux et chaînages. Cette ossature assure le maintien de la construction en permettant la pose de tout type de charpentes et la mise en œuvre de différents planchers (bois, acier ou béton).
Vers un contrat de distribution
Le concept est doublement breveté pour le système poteau/poutre béton armé au cœur du polystyrène ainsi que sur la bi-densité permettant une économie de matière, des murs plus robustes et de grandes longueurs. Autres composants de la gamme Posytec, la Fondasyte isole le vide sanitaire tandis que l'Isolyte est destinée aux toitures plates avec la possibilité d'y adjoindre des bacs de végétalisation. De même, des modules complémentaires sont proposés pour les pignons, les appuis de fenêtres, les caissons de volets roulants, etc.
Historiquement, Posytec s'était positionnée sur le marché de l'auto-construction. Les particuliers ne représentent plus que 30 % de son chiffre d'affaires. Maîtres d'œuvre, architectes, promoteurs immobiliers, constructeurs de maisons individuelles, maçons participent aussi au développement de l'entreprise. Une deuxième structure a été créée pour former les entrepreneurs du bâtiment en deux jours, sur un chantier, afin de partager quelques astuces de montage. On trouve aujourd'hui quelque 250 maisons Posytec sur le territoire national et une licence d'exploitation est en cours pour l'étranger. Pour la France, dès cet automne, c'est un contrat de distribution exclusif qui va être proposé avec un objectif de 25 professionnels par département (5 constructeurs, 10 maçons et 10 maîtres d'œuvre) pour un minimum annuel de 3 maisons chacun. Une adhésion de 1500 € leur sera réclamée pour promouvoir la marque « Positive construction » et stimuler le marché.
« L'avenir m'a donné raison »
La facilité de mise en œuvre des modules Posytec constitue un autre atout. Une journée suffit pour dresser les murs d'une maison de 100 m² et deux jours et demi de plus pour mettre l'acier, couler le béton et terminer le montage. « L'avenir m'a donné raison. » Au final, le concept revient 15 à 20 % moins cher en temps de construction. Courant 2022, un béton fibré à ultra haute performance remplacera la ferraille.
« Il y a 10 ans, on m'a un peu pris pour un extra-terrestre. On peut voir que l'avenir m'a donné raison », remarque Christophe Portuguès en indiquant s'être inspiré de ce qui se fait en Allemagne depuis une quarantaine d'années. Du garage des débuts, il est progressivement passé sur un local de 250 m² puis une plate-forme de 1000 m². Avec cette récente extension, l'entreprise s'est donné les moyens d'abriter cette nouvelle machine qui lui offre une nouvelle autonomie.
En 2019, avec l'entrée au capital de Fabrice Badin, qui était auparavant distributeur du produit depuis 6 ans, Posytec est devenue SAS. L'entreprise emploie sept personnes (*) et prévoit d'en embaucher trois de plus. Courant 2022, un béton fibré à ultra haute performance remplacera la ferraille. Pour 2021, Christophe Portuguès annonce un chiffre d'affaires de 700 à 800000 € et table sur 2,5 M€ pour l'an prochain.
(*) Les deux associés, trois opérateurs et deux aux services administratif et commercial.
Posytec, quand l'art du polystyrène fait maison... basse consommation
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