Pologne : une montée lente mais irréversible du BIM [spécial BIM et international]

En cette fin janvier, l’actualité du BIM en Pologne est marquée par l’enregistrement officiel du chapitre polonais de buildingSMART. C'est l'aboutissement d'un bouillonnement apparu il y a quelques années avec la publication de nombreux d'articles sur les progrès du BIM à l'étranger.

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Pologne : une montée lente mais irréversible du BIM [spécial BIM et international]

Le mouvement a fait boule de neige, attirant d’abord des chercheurs universitaires, puis faisant apparaître des sociétés spécialisées, des organisations et des groupes, y compris au sein de l'Etat, qui cherchent à établir des normes législatives et étendre l'application de cette technologie à tous les secteurs de la construction. Y compris les routes et le réseau ferré, les lignes à haute tension et les tunnels. En Pologne en ce début d'année, le BIM est à l'honneur.

L’automne dernier, l'Ecole Polytechnique de Varsovie a inauguré un cursus de formation au BIM sur deux semestres. Un manuel d'une centaine de pages, décrivant l'introduction du BIM dans les projets réalisés par le secteur public européen, préparé par le groupe de travail EUBIM, financé par l'UE, a été traduit en polonais et il est accessible gratuitement sur internet.

Mais si le BIM commence à se répandre aujourd'hui en Pologne, il le fait de manière inégale, note Piotr Dymarski, coordinateur de l’équipe BIM au sein de Mostostal Warszawa (Acciona). Les architectes et les bureaux d’études techniques sont les plus versés dans le BIM, mais préfèrent ne pas trop l'afficher, car les investisseurs préfèrent encore un projet en 2D et ne souhaitent pas payer plus cher pour le BIM, qui prend plus de temps. Les entrepreneurs généraux commencent, lentement, à en percevoir les avantages. Pratiquement toutes les grandes entreprises de construction ont des services dédiés au BIM.

Les investisseurs récalcitrants

En fait, les investisseurs, qui pourraient être les principaux bénéficiaires du BIM, sont les plus récalcitrants à s'y engager. Ils ont à son égard des attentes mal définies, voire même contradictoires. Pour être efficace, observe Dymarski, le BIM devrait être présent dans tout le processus, tant à l’étape de projet qu’à celle de construction. Or il est surtout pratiqué par les architectes, pour créer la documentation de leurs projets. Malheureusement, le modèle n’est pas communiqué à l'entrepreneur général. Il arrive aussi que le modèle soit de mauvaise qualité et ne corresponde pas aux besoins du constructeur : la teneur en information n'est pas suffisante et par conséquent le processus manque de continuité, tandis que chaque participant pense à ses intérêts particuliers et l'investisseur manque de savoir pour l'utiliser.

Ce qu’il voudrait, c’est extraire du modèle les informations nécessaires pour rédiger sa proposition en vue d’un appel d'offres. Mais aujourd’hui, le classement des éléments utilisés pour le faire ne correspond pas aux renseignements fournis par le BIM. La coupure entre les deux parties du processus est trop profonde. Même la formule « conception et réalisation », qui confie à la même entité les deux étapes, ne permet pas de dépasser ce problème, car les petites entreprises participantes n'ont pas toujours les moyens d'investir dans le BIM. Les bureaux d’études - et il en faut parfois plusieurs pour un projet - ne connaissent pas tous le BIM, alors qu’ils sont choisis pour leurs autres compétences techniques.

Projet pilote

Un obstacle important est constitué par l’absence de normes nationales. Les investisseurs publics ne savent pas bien comment introduire des éléments BIM dans leurs projets et leurs demandes sont souvent imprécises, tandis qu’il arrive aussi qu’ils utilisent les services d’une société spécialisée extérieure dont les demandes sont trop strictes par rapport au niveau général de la culture BIM en Pologne. La législation en vigueur n’a pas encore évolué et exige des projets en deux dimensions, présentés sur papier, la documentation numérique n’est pas largement utilisée. Autrement dit, le grand tournant n’est pas encore pris, mais on sent qu’il n’est pas très loin, compte tenu de l’évolution des mentalités en cours.

Certains organismes publics ou parapublics vont de l’avant. Ainsi, la Direction Générale des Routes Nationales et Autoroutes (GDDKiA), a lancé en juillet 2018 un appel d’offres pour la conception et la réalisation du contournement de la ville de Zator, dans le sud du pays, faisant figurer le recours au BIM parmi les critères de sélection du constructeur. Ce projet pilote, a précisé la GDDKiA, doit lui permettre d’acquérir de l’expérience pour étendre le recours au BIM dans les commandes publiques. De son côté, le groupe public PSE, opérateur du réseau de transport d’électricité, a lui aussi lancé récemment un appel d’offres sur l’agrandissement de quatre stations de transmission, imposant la présentation des projets selon la méthodologie BIM. Le PSE estime qu’il s’agit, dans son secteur, d’une innovation à l’échelle mondiale. Malgré cela, la mise en route de normes nationales n’est pas pour demain.

Interrogé l’été dernier, le ministère des Investissements et du Développement a indiqué qu’une fois les projets pilotes réalisés, il pourrait lancer l’élaboration de normes et de modèles de documents nécessaires. Dans le même courriel au Moniteur Export, le ministère explique toutefois que « la généralisation de la méthodologie BIM dans les commandes publiques, sans que les secteurs privé et public y soient dûment préparés, pourrait faire plus de mal que de bien, par exemple en marginalisant les petites entreprises de bâtiment qui n’auront pas eu assez de temps pour s’y préparer ».

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