
Paul Andreu: mémoires d'un architecte
Catherine Séron-Pierre | le 23/05/2013 | Paul Andreu, Fernand Pouillon, Architecture, Travail, Profession
« Le carnet est un lieu de travail où il suffit d’entrer. Il est toujours disponible. » Cette citation de Paul Andreu extraite d’une interview datée de 1990, pourrait constituer une parfaite introduction à l’ouvrage « Archi-mémoires – Entre l’art et la science, la création » qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob.
Paul Andreu a ceci de commun avec Fernand Pouillon, outre qu’ils sont tous deux architectes reconnus, c’est qu’il écrit bien. Sa dernière livraison intitulée « Archi-mémoires – Entre l’art et la science, la création » le confirme une nouvelle fois. Dans « La maison », roman paru en 2009, il avait emmené le lecteur dans la maison de son enfance, dans une sorte de promenade initiatique à la découverte de l’espace, du plan, des volumes, du rapport dedans/dehors, de la marque du temps sur le bâti. Ce regard vers le passé, il le porte cette fois-ci sur sa carrière. Ce livre qui a failli s’appeler « Déménagement » car le récit commence parmi des cartons, est une plongée dans ses souvenirs menée comme une sorte de campagne archéologique dans ses piles d’archives et surtout ses notes – pensées et dessins - consignés dans de petits carnets noirs numérotés. Il les feuillette et nous entraine dans les histoires des projets. Pour chacun d’entre eux, de Roissy 1 à l’Opéra de Pékin, de l’avenue d’Italie à l’accident du terminal 2E, en passant par les concours perdus, les projets abandonnés, il se remémore les phases de conception, les hésitations, les discussions, les remises en cause, les débats, les petites victoires ou les grands combats. C’est une incursion dans son quotidien d’alors sur lequel il porte aujourd’hui un regard lucide et détaché. C’est avec honnêteté qu’il commente son attitude du moment, sans se priver de digressions sur les phéromones, le temps de l’architecture, le « grain de la ville », l’énergie consommée par le cerveau …, et de citations de Baudelaire, Camus, Chateaubriand… « J’ai compris qu’on n’était jamais architecte, pas plus qu’on n’est peintre ou poète, mais qu’on pouvait chaque jour le devenir un peu plus ».
Archi-mémoires. Entre l’art et la science, la création. Paul Andreu. 2013, éditions Odile Jacob. 296 pages, dessins NB. Prix : 24,90 euros.