Panne historique du moteur principal du bâtiment
MICHEL OCTERNAUD | le 07/03/1997 | Rénovation, Collectivités locales, Conjoncture, Entreprises, France
Sommaire du dossier
-La réhabilitation, qui représente plus de la moitié de la production de la profession, a subi en 1996 une chute de 1,5 % et devrait enregistrer une croissance zéro en 1997. -Les professionnels espèrent une embellie de la demande des particuliers et des travaux relevant de la sécurité dans le non-résidentiel.
Si le marché de l'entretien-réhabilitation n'a jamais pu compenser, au cours de la dernière décennie, l'effondrement de la construction neuve, en particulier dans le logement aidé, il a servi incontestablement de moteur principal pour soutenir l'activité des entreprises de bâtiment.
Le chiffre d'affaires de l'entretien-réhabilitation s'est développé lentement, mais régulièrement : il était de 211,53 milliards de francs en 1986, selon la Fédération nationale du bâtiment ; en 1996, il a atteint 237,73 milliards sur une production totale estimée sur le marché intérieur à 434 milliards de francs. Durant cette période, le chiffre d'affaires réalisé dans le logement, marché largement dominant, est passé de 132 milliards de francs à 142,7 milliards.
Au 1er janvier 1996, 1,4 million de logements du parc HLM environ (soit 54 % du parc non PLA) ont fait l'objet d'une réhabilitation. Selon une enquête du ministère du Logement, les besoins en réhabilitation, concerneraient encore 700 000 logements. Pour réaliser un tel programme sur cinq ans, souligne l'Union des HLM, il faudrait réhabiliter 140 000 logements par an.
Les artisans et les PME sont les principaux acteurs des travaux. Les chiffres par taille d'entreprises (voir graphique) sont cependant relatifs, car ils ne traduisent pas la présence réelle des grandes entreprises sur ce marché : celle-ci interviennent au travers de filiales régionales très présentes dans tous les secteurs de l'entretien-réhabilitation. En outre, les grands groupes pratiquent la sous-traitance de travaux aux PME.
Globalement, les travaux sur le parc existant des bâtiments en France, a connu en 1996 un recul historique : selon le baromètre DAEI- ANAH-FNB, il est estimé à près de -1,5 %, dont -2 % dans le logement et -0,5 % dans les bâtiments non résidentiels ( + 0,8 % pour la clientèle des entreprises et -3 % pour celle des administrations et collectivités locales).
Une remontée toute relative de l'activité
La tendance générale de la production est cependant à une relative amélioration. Celle-ci a été détectée par le baromètre DAEI-ANAH-FNB, à partir du 2e trimestre 1996 (voir graphique). Et pour l'ensemble de l'année 1997, l'entretien-réhabilitation pourrait revenir à l'équilibre, c'est à dire à la croissance zéro : la DAEI table sur + 0,4 %, au mieux et -1,1 % dans un scénario gris. De son côté, la FNB prévoit une production en recul de -0,2 % pour 1997 (dont -0,3 % dans le logement et + 0,1 % dans le non résidentiel). Les entrepreneurs et les artisans s'attendent à une amélioration de la demande de travaux dans le secteur libre du logement, du fait de la mise en place de la nouvelle mesure fiscale de réduction d'impôt. Celle-ci est plus lisible, car elle concerne tous les travaux de réparation, d'amélioration et de ravalement, et d'une plus grande efficacité, car applicable sur présentation de factures des entreprises ayant exécuté les travaux. D'ailleurs, on note depuis peu que les crédits concernant les travaux d'entretien accordés par la Banque de France sont plutôt en progression. Dans le domaine de l'Etat et des collectivités locales, si l'on excepte la réhabilitation des universités et les travaux de déflocage dans les lycées et collèges, la tendance devrait rester négative. A moins que le vote des budgets de certaines collectivités locales au printemps ne réserve quelques bonnes surprises.
TABLEAU : LA DOMINANTE SECOND OEUVRE
Parts du marché de la réhabilitation en % par secteur d'activité
GRAPHIQUE : LA PART BELLE AUX PME
Parts du marché en % par taille d'entreprises
Les travaux profitent très largement aux PME, mais les chiffres sont faussés du fait qu'ils ne traduisent pas la part de sous-traitance accordée aux PME par les majors, eux-mêmes très présents dans la réhabiltiation via leurs filiales PME locales.
GRAPHIQUE : PLUS DE 50 % DE LA PRODUCTION DU BATIMENT
Chiffres d'affaires en milliards de francs courants
Sur la décennie, la progression du chiffre d'affaires de la réhabilitation qui représente plus de 50 % du total de la production du bâtiment, a été en progression régulière, sauf en 1996 où le marché a marqué le pas pour la première fois.
GRAPHIQUE : DES SIGNES D'AMELIORATION
Evolution trimestrielle en % du chiffre d'affaires
La fin de 1995 a marqué le début d'une dégradation de l'activité. Celle-ci s'est accélérée au début de 1996, puis s'est ralentie ensuite. Cette année, l'activité devrait revenir à l'équilibre. C'est le marché de l'entretien-réhabilitation du logement qui a le plus souffert.