« Notre langage architectural évoluera avec le changement climatique », Stephen Barrett, architecte
A cheval entre Londres et Paris, le partner de l’agence britannique RSHP (ex-Rogers Stirk Harbour + Partners) réagit aux épisodes de canicule survenus cet été dans ces deux villes, à travers le prisme de l’architecture et de l’urbanisme.
Propos recueillis par Milena Chessa
Londres et Paris, deux villes que vous connaissez bien pour y travailler au sein de l’agence RSHP, ont connu cet été la canicule et la sécheresse. Cette situation vous fait-elle envisager l’architecture différemment ?
Au mois de juillet dernier, nous avons atteint 40°C à Londres, du jamais vu! En 2008, lorsque l’agence travaillait sur le projet du Grand Paris, les prévisionnistes estimaient que la capitale française aurait un climat andalou d’ici 25 ans, et la britannique plutôt celui du Portugal. Cela arrive beaucoup plus tôt que prévu… Dans le nord, on a tendance à construire des bâtiments entièrement vitrés pour faire profiter les occupants de la lumière du jour. Mais avec un climat andalou, est-ce encore jouable ? Ça pose des questions intéressantes pour une agence comme la nôtre qui a la transparence, plus que l’opacité, inscrit dans son ADN architectural. Notre langage esthétique et technique va devoir évoluer. C’est à la fois contraignant et stimulant.
Les espaces verts jouent un rôle crucial en tant qu’îlots de fraîcheur durant la saison chaude. Quelle place leur accorder en milieu urbain ?
Lors de la canicule à Londres cet été, les nombreux espaces verts ont tenu une place fondamentale auprès des habitants en quête d’un peu de fraîcheur. Et à l’avenir, ils seront de plus en plus nécessaires. Dans nos projets, nous nous efforçons d’introduire d’avantage de nature en ville afin de pouvoir profiter de tous ses bienfaits. Exemple à Paris où, en collaboration avec le paysagiste Michel Desvignes, nous allons planter une multitude d’arbres dans le secteur hyper-urbain de la gare Montparnasse [concours remporté en 2019, NDLR].
Dans une étude prospective sur Paris, vous aviez imaginé une ceinture verte autour de la ville. A quoi aurait-elle servie ?
Cette ceinture, déjà mise en place à Londres, avait pour objectif de délimiter l’emprise de la métropole et ainsi de limiter son expansion. Elle obligeait la ville à se reconstruire sur elle-même, en réutilisant les bâtiments et les terrains existants. Enfin, elle préserverait les terres agricoles servant à alimenter la population, qui restaient alors des réservoirs de biodiversité. Nous considérons la stratégie de préservation de cet « hinterland » comme un principe important.
« Notre langage architectural évoluera avec le changement climatique », Stephen Barrett, architecte
Tous les champs sont obligatoires
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