Moselle Gisement de matériaux dans un crassier

La Société lorraine d'agrégats (Slag) investit 100 millions à Moyeuvre-Grande (Moselle) pour mettre en service en 1998 l'une des plus grandes installations françaises de concassage-criblage. La filiale commune à Cochery, Jean Lefebvre et Leclerc, basée à Thionville (Moselle), veut extraire 2 millions de tonnes de matériaux de construction par an à partir de l'exploitation du crassier Perotin : un gisement de 40 millions de tonnes, coproduit de l'ancien haut-fourneau de Joeuf (Meurthe-et-Moselle). La Slag (100 millions de chiffre d'affaires) a confié les travaux à CFBK, spécialiste des installations de concassage criblage. « Nous avons demandé à notre sous-traitant de privilégier, dans l'attribution des marchés, les entreprises disposant d'implantations locales », précise Patrick Bruncher, directeur adjoint.

L'usine de la vallée de la Conroy remplacera deux exploitations en voie d'épuisement qui, à Hayange et Moyeuvre, totalisaient le même potentiel de production. Malgré les économies générées par la concentration, la Slag maintiendra les 40 emplois grâce à l'embauche de chauffeurs : 3 km séparent le crassier du site de production.

Sur un site de 10 ha, l'installation se caractérisera par la couverture des bâtiments de concassage-criblage et des stocks de sable. Huit silos hauts de 35 m permettront d'emmagasiner près de 10 000 t d'agrégats. Le long de la voie ferrée, un merlon de 15 m de haut protégera les abords du site contre les nuisances sonores.

Pour étendre son rayon d'action la Slag équipe l'usine d'outils de chargement automatique adaptés au transport ferroviaire.

Cette solution confortera la position du producteur par rapport aux fabricants de laine de roche, qui transportent la production lorraine jusque dans le Massif central : « Le laitier de haut-fourneau fait baisser le coefficient de fusion par rapport aux autres composants de la laine de roche », explique Patrick Bruncher.

En dehors de la recherche de débouchés lointains, les perspectives s'appuient sur la promotion locale du produit : « Le calcaire local présente une qualité moyenne, tandis que le gisement des gravières de Moselle s'épuise. Son utilisation ne se justifie plus que pour des produits haut de gamme, ce qui ouvre des débouchés croissants à la valorisation de coproduits de la sidérurgie », explique Patrick Bruncher.

Courante au Luxembourg, l'utilisation de laitier de haut-fourneau dans la fabrication de béton prêt à l'emploi pourrait se développer en Lorraine. Ce marché s'ajouterait alors aux cibles traditionnelles de la Slag, créée pour produire des graves utilisées dans l'industrie routière.

MAQUETTE : Huit silos, hauts de 35 mètres, emmagasineront 10 000 tonnes d'agrégats.