Mipim Proptech Europe: "L’immobilier est un mauvais élève de la digitalisation"
Marie-Noëlle Frison | le 02/07/2019 | Numérique, France , Start-up, Mipim PropTech
Jeanne Massa, Vice-présidente du cluster The French Proptech et cofondatrice de la start-up Habiteo, livre sa vision de la proptech, à l'occasion du Mipim Proptech Europe, qui s'est tenu à Paris les 1er au 2 juillet 2019. Interview.
Qu’est-ce que La French Proptech ?
La French Proptech est une association créée il y a un an au Web2day de Nantes, l’équivalent de Vivatech en province.
Avec quelques entrepreneurs (Pierre Leroy, cofondateur de EP à Nantes, Jean-Philippe Emeriau, président d’Immodvisor, Michael Lalande, directeur général d’Idealys à Montpellier et moi-même, présidente d’Habiteo), nous avons décidé de nous unir pour pouvoir entrer dans le débat sur la ville de demain et montrer les résultats concrets des innovations proposées par la prop tech.
Aujourd’hui, le mouvement regroupe 140 start-up, ce qui représente 200 millions de fonds investis et 2000 emplois. Nos adhérents interviennent dans six univers : le développement foncier, le montage et la conception de programmes, la construction et la livraison des bâtiments, la commercialisation et les transactions (blockchain, signature électronique), l’exploitation et la gestion des bâtiments (connectique, IoT), les services et les mobilités.
"Nous fonctionnons comme un syndicat professionnel"
Quel est votre positionnement par rapport à d’autres groupements, comme Paris & Co, également présents sur le Mipim Proptech Europe ?
Nous ne sommes ni un incubateur ni un accélérateur de start-up. Nous fonctionnons davantage comme un syndicat professionnel qui cherche à partager des bonnes pratiques et apporter des solutions aux entreprises.
Notre organisation repose sur des ambassadeurs régionaux qui nous permettent à la fois d’embarquer des startups qui ne soient pas que parisiennes et de sceller des partenariats avec des opérateurs locaux.
La Société d'aménagement de la métropole Ouest Atlantique (SAMOA) à Nantes et la Société d’Equipement de la région montpelliéraine (SERM) à Montpellier se sont par exemple engagés à nos côtés pour intégrer l’innovation dans leurs appels d’offres.
"l’urgence commence à apparaître"
Quel regard l’industrie immobilière porte sur la proptech ?
L’immobilier est un mauvais élève en termes de digitalisation, derrière la fintech, la foodtech etc. Dans la pierre, les projets se construisent sur la durée et les temps de décisions sont longs. Quand il faut au minimum cinq ans pour réaliser un programme immobilier, je vous laisse imaginer le temps qu’il faut pour changer les modes de fonctionnement et les mentalité dans les entreprises.
Jusqu’à maintenant, la profession considérait que le secteur était technique et donc complexe à « disrupter » et donc qu’il n’y avait pas d’urgence à se lancer dans les nouvelles technologies. Mais aujourd’hui, l’urgence commence à apparaître. Amazon entre dans les maisons avec son boîtier Alexa et investit dans la construction de maisons préfabriquées aux Etats-Unis. Google n’expose pas au salon mais intervient dans le programme des conférences.
Le mouvement est enclenché et nos grands acteurs nationaux doivent se doter d’innovation. L’écosystème français, qui recense 494 start-ups -sur 6000 dans le monde- (1) peut apporter une réponse.
(1) Source : Unissu