Menace sur l'eau potable dans les Deux-Sèvres et la Vienne
Defawe Philippe
Les quelques pluies de l'automne et du début de l'hiver n'y ont rien changé: la sécheresse s'accentue dans les Deux-Sèvres et la Vienne, qui craignent désormais pour l'alimentation en eau potable.
"La situation est très préoccupante. C'est un record de 50 ans, voire de 100 ans dans certains cas, en termes de déficit de pluviométrie, d'absence de recharge des nappes et donc de difficultés consécutives à très court terme pour l'eau potable", a déclaré jeudi le préfet des Deux-Sèvres, Jean-Jacques Brot, après une réunion avec les responsables de l'observatoire de l'eau, à Niort.
"Le déficit en eau est supérieur à 50%. Les nappes se rechargent habituellement d'octobre à janvier mais il n'y a eu aucune évolution", ont précisé les responsables de la Direction régionale de l'Environnement (DIREN). La sécheresse de 2005 fait suite à trois années faibles en pluies.
"L'année 2005 est l'année la plus sèche depuis 1959 sur le département", ont indiqué pour leur part les spécialistes de Météo-France.
Dès le mois de mars, l'usage de l'eau avait été restreint dans 167 communes des Deux-Sèvres, une première en cette période de l'année, en raison d'un déficit pluviométrique constaté depuis le mois de septembre 2004. Le 17 juin, les restrictions avaient été étendues à tout le département, avant d'être régulièrement prorogées.
Les Deux-Sèvres ont même été obligées cet été d'acheter de l'eau aux départements voisins pour économiser l'eau de ses deux barrages.
"Il se peut qu'il pleuve et que les choses se rétablissent. Mais il est de mon devoir d'attirer l'attention de tous, notamment du monde professionnel et des irrigants agricoles", a ajouté le préfet. Il n'a pas caché qu'il pourrait être amené à prendre des mesures plus drastiques qu'en 2005.
"Nous sommes dans une situation exceptionnelle. La seule priorité c'est l'eau potable. Après l'économie agricole doit s'organiser pour maintenir les activités économiques", a ajouté Philippe Moinard, président du syndicat agricole FDSEA.
"Nous sommes à l'heure des choix. il va falloir prendre des décisions puisqu'il n'y a pas d'eau dans les nappes. Mais il y aura des situations dramatiques pour les irrigants et les non-irrigants. Si la production n'est pas là, il n'y a pas de revenu", a averti l'exploitant agricole.
Le département voisin de la Vienne connaît également un important problème de sécheresse même si la situation est moindre. En juin, la préfecture avait pris les premières mesures de restrictions de l'usage de l'eau. Elles sont toujours en vigueur et concernent 76 communes, en raison d'un déficit de 30 à 50%.
"C'est du jamais vu. Le mois de décembre a été catastrophique. Il faudrait deux mois de pluie pour simplement réhydrater les sols. Nous sommes dans le rouge pratiquement partout", a expliqué Albert Noireau, chef du service "eau" à la DIREN.
Les préfectures de la Vienne et des Deux-Sèvres ont fait appel "au comportement citoyen et à un usage raisonné de l'eau par les usagers".