Mal-logement : "colère" des associations face "aux promesses non tenues"
Defawe Philippe
Les associations de défense des sans-abri exprimeront mercredi au Premier ministre François Fillon qui doit les recevoir dans l'après-midi leur "dépit" voire leur "colère" devant les "promesses non tenues" en matière de lutte contre le mal-logement.
Augustin Legrand, des Enfants de don Quichotte, a résumé devant la presse "la colère" du collectif des "associations unies": "On demandait 2 milliards, on nous a promis 250.000 euros et finalement, on n'a rien eu! On en a ras-le-bol!"
Didier Cusserne, de l'Association Emmaüs, a dénoncé le "décalage entre ce que M. Fillon nous a promis et la réalité d'aujourd'hui", alors que "les processus d'exclusion se renforcent".
Le Premier ministre s'était engagé en janvier dernier devant les associations à ce que "plus personne ne soit contraint de vivre à la rue". Il avait également promis une enveloppe de 250 millions d'euros pour 2008 et un plan pluriannuel pour tenter de résoudre la question des sans-abri et des mal-logés.
Hervé de Ruggiero, directeur général de la Fnars (fédération d'associations de réinsertion), a exprimé pour sa part son "dépit".
"Il y a deux ans, a-t-il expliqué, avec l'opération des Enfants de don Quichotte, il y a eu un coup d'accélérateur. On a eu l'impression d'une prise de conscience. Mais aujourd'hui, on pense qu'il n'est pas impossible qu'on se fasse balader".
François Soulage, président du Secours Catholique, a même lancé: "il faut arrêter de se moquer du monde, le gouvernement a annoncé des mesures mais il n'y a pas de budget pour les appliquer".
Christophe Robert, de la Fondation Abbé Pierre, s'est pour sa part inquiété d'"une baisse de 10% du budget de la Ville et du Logement" dans le budget 2009 et a souligné que le projet de loi Boutin sur la modernisation du logement qui sera examiné cet automne au Parlement "fait fi des propositions des associations".
Le 5 septembre dernier, le député Etienne Pinte (UMP, Yvelines) a remis M. Fillon un rapport sur "l'hébergement d'urgence et l'accès au logement" qu'il avait commandé. Dans ce rapport, M. Pinte souligne une ligne budgétaire "insuffisante" en matière d'hébergement, et chiffre les besoins minimum du programme d'hébergement à 1.256 millions d'euros en 2008, plus 10 millions pour des "dispositifs sanitaires supplémentaires".
On estime généralement à 100.000 le nombre de sans-abris, à 600.000 le nombre de logements indignes, à 900.000 le nombre de personnes sans domicile personnel, et à 3,5 millions les personnes mal logées.
©AFP