Maison BePositive : ce qu’en pensent les pros
200 m² pour apprendre et monter en compétence… telle était la promesse de cet espace du salon Bepositive qui présentait plusieurs maquettes et animations autour de la maison de demain. Utile ? Efficace ? Trois artisans chevronnés de la Capeb nous donnent leur avis.
Cyrille Maury
Les stands avec des démonstrations en direct n’ont plus vraiment la côte sur les salons. D’où l’intérêt de cette initiative qui s’est tenue à BePositive, du 13 au 15 février 2019 à Lyon.
Organisé avec l’appui des Compagnons du Devoir et du Cluster Eco-Énergies, cet espace interactif avait pour objectif de reproduire une maison à haute performance énergétique.
« Le visiteur visualise le modèle BIM avec des lunettes de réalité virtuelle puis met la main à la pâte dans son domaine de compétences avec les conseils de nos différents experts », précise Jocelyn Gac, coordinateur transition énergétique et directeur du Pôle énergies et environnement des Compagnons du Devoir.
En complément, des retours d’expérience et des conférences étaient organisés en face, sur le stand de l’Agence Qualité Construction, sur les thématiques des ateliers de la maison BePositive : isolation thermique, menuiserie, étanchéité à l’air, ventilation, solaire, conception et BIM.
Après avoir testé le concept, les artisans Hervé Blaise, Arnaud Dromain et Patrick Maillard, respectivement maçon engagé dans le biosourcé, plombier-chauffagiste féru d’informatique et électricien spécialisé en aménagements PMR, nous disent ce qu'ils en pensent.
Au cœur du dispositif se trouve l’espace BIM, animé par le Greta Lyon Métropole. Pour tester la réalité virtuelle avec des lunettes 3D, il suffit de sélectionner sur une tablette l’opération que l’on souhaite effectuer, puis de se déplacer dans la maquette avec un pointeur-joystick. Une première pour Patrick Maillard « C’est impressionnant. On voit tout de suite les applications concrètes pour son métier. J’ai pris les côtes des marches de l’escalier en 2 minutes. Cela m’aurait été utile pour installer un dispositif d’accessibilité sur deux niveaux. »
Au hit parade des ateliers : les pôles Isolation (animé par les Compagnons du Devoir et Oïkos écoconstruction), Menuiserie (Association Asder et Compagnons du Devoir) mais surtout Étanchéité à l’air (DTP conseils & formations). « Quel que soit le métier, il y a désormais un enjeu d’étanchéité à l’air, résume Arnaud Dromain. Les maquettes sont intéressantes mais j’aurais aimé qu’elles détaillent mieux les points singuliers comme le passage des gaines. »
Le pôle Ventilation animé par le bureau d’études aéraulique et acoustique Allie’air, et le pôle Solaire thermique/photovoltaïque animé par la plateforme formation & évaluation de l’Institut national de l'énergie solaire (INES) faisaient partie des autres ateliers de la maison BePositive.
Hervé Blaise, entreprise de maçonnerie Blaise (10 salariés), Larnage - Président de la Capeb Drôme
« Cette démarche pédagogique expliquant les bonnes pratiques du bâtiment durable est utile. Nous travaillons depuis 15 ans sur les matériaux biosourcés et le bien-être dans la maison, et nos clients sont désormais à l’écoute de la transition énergétique. Tous les artisans sont obligés d’y venir. Nous devons être curieux et travailler sur le confort intérieur en nous adaptant à chaque type d’habitation. Les maçons arrivent en premier sur les projets et nous devons nous positionner comme des accompagnateurs avec une vision large et la capacité d’expliquer nos techniques. Former nos compagnons est clairement une priorité. Nos chefs d’équipes, nos chargés d’affaires et même les jeunes ne sont pas formés, ne sont pas dans le numérique et c’est dommage. Il faut y remédier très vite. Car c’est par la formation que l’on peut attirer les jeunes et les garder. »
Arnaud Dromain, gérant de l’entreprise Le petit coin Japonais, Lyon - Président du Syndicat des artisans plombiers zingueurs couvreurs chauffagistes de la Capeb Rhône.
« La maison BePositive une bonne initiative pour avoir une vision globale des technologies d’aujourd’hui. Cela dit, je fais du BBC depuis une dizaine d’années et j’aurais aimé que les maquettes Isolation et ITE mettent plus l’accent sur les points singuliers comme le passage des gaines. Car la performance est liée à leur bon traitement. Les artisans doivent bien se concerter avant de les traiter et ne rien lâcher. Il nous faut aussi des architectes et des chefs de travaux intransigeant sur ces détails car c’est là où cela pèche. Quant à la maquette numérique, quoiqu’on en dise, elle est bien adaptée aux petites entreprises et c’est un vrai atout différenciant vis-à-vis des clients. Surtout si les entreprises se regroupent pour apporter une prestation globale ou accéder à de plus gros marchés. Mon seul reproche est que je suis sur Mac depuis Autocad en 1982 et qu’il n’y a pas d’alternative face au monopole PC/Revit qui se mette en place. Cela reste compliqué, un truc d’ingénieur. »
Patrick Maillard, entreprise d’électricité Mobilys, spécialisée dans la domotique et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, 7 salariés, Romans-sur-Isère et Lyon.
« C’est incontournable aujourd’hui de travailler avec une vision énergie positive de son métier, et de sensibiliser aux bonnes pratiques. Beaucoup de techniques sont récentes, mal comprises et ces ateliers de bonnes pratiques de matériaux biosourcés, de ventilation simple et double flux ou encore d’installation solaire vont dans le bon sens. Il en va de même pour les outils numériques. C’est une évidence dans notre activité : que l’on soit chez un particulier ou sur un marché public, la domotique et le pilotage deviennent incontournable. Dans tous les métiers, la formation continue est indispensable. Il faut rester ouvert et toujours essayer de monter en compétences en intégrant les évolutions des autres corps d’état. Nos quatre compagnons techniciens se forment tous les ans. C’est indispensable. Sinon, vous ne faites pas un travail de qualité. »
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